La matraque et la démocratie… de l’URSS à aujourd’hui, souvenirs d’un jeune intellectuel russe… Enregistrer au format PDF

Vendredi 12 février 2021

Je pense utile de faire connaitre ce texte d’un jeune intellectuel russe qui manifestait en 1990 pour la liberté et s’interroge 30 ans plus tard sur le sens de la démocratie dans le capitalisme… Nous sommes tous immergés dans un discours de diabolisation de ce qu’a été l’URSS qui nous fait penser que la répression y était terrible, et que heureusement, chez nous, nous avons la chance d’être en démocratie…

Le témoignage de cet écrivain russe, Roustem VAKHITOV, est plus que dérangeant pour nos élites médiatiques et le discours dominant, même dans nos manuels scolaires, sur ce qu’a été l’URSS…

Car Roustem Vakhitov a découvert la matraque et le policier robocop… après la chute de l’URSS… ce qui nous rappelle les exploits policiers dans la répression des manifestations… dans la France « démocratique ». Son explication en lien avec la nature de la société et du capitalisme devrait nous interroger…

La matraque, “démocratiseur” du capitalisme

« Демократизатор капитализма »

1. Comme beaucoup de Russes, j’ai suivi la série de rassemblements non autorisés qui ont balayé le pays en janvier. L’Internet était rempli de vidéos de différentes villes de Russie, où, en gros, on voyait toujours la même chose : des foules de manifestants scandant des slogans, des responsables de la sécurité vêtus de costumes futuristes – comme s’ils sortaient de “Star Wars” – se produisant dans un ballet brutal, battant des manifestants avec leurs matraques, des cris, des gémissements … Ici une personne inconsciente est jetée dans un fourgon de police. Là, les policiers mettent les détenus à genoux. Voici un policier anti-émeute qui passant près d’un retraité, lui donne un coup de pied au ventre. Un autre, se retournant, frappe avec sa matraque un journaliste muni d’une caméra et d’un gilet avec l’inscription “Presse”… Dans une ruelle de Moscou, la police anti-émeute tabasse des filles qui hurlent : “Nous ne sommes pas armées !” Tandis que sur la Place aux Foins à Saint-Pétersbourg, un policier, voyant des manifestants qui le suivaient, dégaine son pistolet…

Moscou, Pétersbourg, Ekaterinbourg, Kazan, Irkoutsk, Tomsk, Vladivostok … Devant mes yeux défilent aussi des images de ma ville natale. Des rues qui me sont familières depuis l’enfance, des immeubles… Et je me surprends involontairement à penser comment il y a 30 ans, je marchais moi aussi dans ces rues avec une foule de jeunes protestataires.

C’était en 1989, j’étais en première année d’université, j’avais le même fatras pro-perestroïka dans la tête que la majorité des jeunes de cette époque… On n’aimait pas les réunions ennuyeuses du Komsomol, les slogans rebattus sur les murs des maisons, même ceux dont c’était la fonction de les proclamer n’y croyaient plus. Nous condamnions les privilèges de la nomenklatura qui roulait en Volgas noires (nous ne pouvions imaginer que ces humbles gens seraient remplacés par des propriétaires de leurs propres avions, yachts et palais !). Nous voulions du changement. Plus de liberté, de démocratie, des rayons pleins dans les magasins, mais surtout l’émancipation spirituelle, l’abolition de toute censure, la possibilité de lire Berdiaev, Boukharine, Freud, Nietzsche et de décider par nous-mêmes ce qui dans les écrits était juste et ce qui ne l’était pas. Il y a des choses dont j’ai atrocement honte aujourd’hui : nous étions jeunes, naïfs, notre compréhension était limitée. Mais quand même, nous étions animés par un désir sincère d’améliorer la situation dans notre pays, même si nous n’avions qu’une idée très vague de la façon de procéder…

Oui, nous descendions nous aussi dans les rues et sur les places, nous rassemblant en foule près du bâtiment du comité régional local, scandant : “A bas !” et “Liberté !” Permettez-moi de souligner qu’il s’agissait de rassemblements non autorisés. C’était devenu une véritable “mode”. Le poète Andrei Voznessensky, dont j’ai beaucoup aimé les œuvres dans ma jeunesse, a même écrit un poème selon lequel Pouchkine aurait certainement participé à ces actions non autorisées, il a été publié, semble-t-il, dans la revue Younost’.

Et, bien sûr, ces manifestations et rassemblements étaient encadrés par des policiers. Ils nous regardaient, semblaient fatigués, anxieux, peut-être mécontents d’avoir été conduits là à cause du désir des jeunes de faire du chahut. Mais je ne me souviens pas d’un cas où ils se soient précipités sur des manifestants pour les battre, les traîner hors de la foule et les embarquer. Et ils avaient l’air assez paisibles : sans armes, dans leur uniforme habituel. Je ne me souviens même pas qu’ils aient eu des matraques.

À propos, contrairement à une croyance populaire, la milice soviétique était armée de matraques en caoutchouc depuis 1962. Mais elles étaient utilisées principalement dans le cas d’émeutes dans les colonies pénitentiaires (et exclusivement pour les hommes) et d’incidents similaires. Lorsque l’OMON (Special Purpose Militia Units) a été créée en 1989, on a commencé à délivrer des matraques à la police anti-émeute. Ils les ont utilisées, par exemple, au Haut-Karabakh, où une véritable guerre civile a éclaté à ce moment-là. Mais même à Moscou, il était difficile de voir quelqu’un avec une matraque. Et les unités OMON n’existaient à la fin de Gorbatchev que dans quelques villes de l’Union soviétique. C’est sous Eltsine, en 1993, qu’elles ont été formées aux côtés de chaque unité de police.

C’est pourquoi ma mémoire n’a pas enregistré de policiers anti-émeute avec des matraques dans la province d’Oufa en 1989. Ils n’y en avait tout simplement pas. Les rassemblements non autorisés soviétiques étaient encadrés par des policiers ordinaires, à propos desquels courait une blague disant qu’ils avaient un journal enroulé ou un concombre dans leur étui au lieu d’un pistolet (à propos des concombres c’est peut-être une exagération, mais, en fait, le port quotidien d’armes n’était pas bien vu dans la milice soviétique). Et ces miliciens ordinaires, envoyés par le service de police local, je le répète, se contentaient de regarder d’un œil morose comment nous, les jeunes, nous nous rassemblions devant le bâtiment du comité régional, criant des slogans, et… ne faisaient rien. Qu’ils puissent se précipiter sur nous, projeter quelqu’un sur le bitume, frapper, trainer dans le panier à salade, les emmener au poste, l’idée ne serait venue à l’esprit de personne, ni à leurs supérieurs, ni à eux-mêmes, ni à nous non plus ! Après tout, nous étions tous des Soviétiques ! Ils étaient allés à l’école avec nous, vivaient dans la même cour et dans la même entrée, parmi eux, chacun avait des connaissances, des voisins, des amis de l’armée. Ils étaient les mêmes que nous, membres du Komsomol, en fin de compte…

2. Si à l’époque on nous avait montré sur une télé magique la dispersion d’un rassemblement non autorisé en Russie-2021 sous un régime de « démocratie » que nous réclamions à cor et à cris sous les fenêtres des comités régionaux, nous aurions été horrifiés. Comment se fait-il que sous le “totalitarisme soviétique”, que les antisoviétiques ne se lassent pas de maudire à la télévision, les manifestants n’avaient pas peur de la police, alors que sous la “démocratie” et avec une “police professionnelle” c’est tout à fait l’inverse ? D’ailleurs, le problème ici n’est pas Poutine ni le “régime autoritaire qui a volé la démocratie”, comme le clament les libéraux de “l’Echo de Moscou” du matin au soir. Nous autres, patriotes de gauche, étions déjà matraqués lors de rassemblements bien avant Poutine, à partir de 1992, à une époque où, selon [le célèbre présentateur TV] Chenderovitch, il y avait « Eltsine et la liberté ».

Peut-être que certains, en raison de leur jeunesse, ne sont pas au courant du massacre du 23 février 1992 à Moscou – eh bien, je vais vous le rappeler. En ce jour – Fête de l’armée soviétique – des vétérans de la guerre et des partisans du Parti communiste de la Fédération de Russie et d’autres organisations patriotiques de gauche sont descendus dans les rues de Moscou pour déposer des fleurs sur la Tombe du soldat inconnu. Le bureau du maire a interdit la manifestation, mais les gens ne pouvaient même pas imaginer que l’on pourrait s’en prendre à des anciens combattants. En tête de défilé marchaient des anciens combattants aux cheveux blancs –aussi bien de simples soldats de la Grande Guerre patriotique que des commandants soviétiques bien connus qui n’avaient pas rallié Eltsine. Il y avait des retraités – des partisans de Ziouganov et Ampilov, des écrivains, des journalistes. Il y avait des personnes en fauteuils roulants, des gens accompagnés de leurs petits-enfants avec eux. Les vétérans portaient leurs médailles et les drapeaux rouges de la victoire.

Arrivée rue Tverskaya, la colonne s’est heurtée à un cordon de police (12 000 policiers avaient été réquisitionnés !). Les gens ont essayé de passer outre. Soudainement, ils ont été attaqués des deux côtés par de solides gaillards aux cheveux ras, en uniforme de camouflage avec l’inscription « OMON ». Ils avaient entre leurs mains les fameuses matraques. Avec ces matraques, ils ont fait tomber sur le bitume et battu jusqu’au sang les grands-pères vétérans et les invalides. Des témoins ont affirmé qu’après avoir brisé la tête d’un vieillard, des policiers anti-émeute avaient arraché les médailles militaires de sa tunique (qui plus tard n’ont pu être retrouvées). Il y avait beaucoup de blessés. Dans des circonstances inconnues, le lieutenant-général Nikolai Peskov, âgé de 70 ans, est mort d’une crise cardiaque.

Le maire de l’époque, membre de « Russie démocratique », Gavriil Popov, était directement responsable du massacre (en 2007, Popov soutiendra publiquement le général Vlassov, suite à quoi on comprit beaucoup mieux pourquoi il avait ordonné de matraquer brutalement les anciens combattants de l’Armée rouge en 1992). On ne peut sans doute pas écarter l’approbation du « tsar Boris », sur la tombe duquel le président actuel a porté des fleurs pour son 90e anniversaire.

Et que fut la réaction du très libéral Echo de Moscou ? Comme toujours, ils ont loué l’ “esprit de décision” de Popov et incriminé “l’écume rouge-brun” que l’on peut réprimer à loisir sans que cela viole la “démocratie sacrée”. Et d’ailleurs, un an plus tard, les mêmes ont réclamé à la télévision que les chars tirent sur le Parlement… Comme le disait alors l’actrice Liya Akhedjakova : “Quelqu’un va-t-il nous protéger de cette maudite Constitution ?” vociférait-elle. Voici venu ce “quelqu’un”, qui nous “protège de la Constitution”, mais l’artiste encore une fois n’est pas contente ! ..

En général, le libéral russe est une créature curieuse ! Il se met à crier à la répression et à l’autoritarisme seulement lorsqu’une matraque de police lui brise les côtes…

D’ailleurs, notre peuple, qui n’est pas du tout stupide, comme le dépeignent les libéraux-russophobes, mais qui est très vif d’esprit et perspicace, a appelé ces matraques de police des « démocratiseurs » et des « leviers de la démocratie » …

3. Je reviens à ma question : comment se fait-il qu’en 1989, la milice soviétique n’ait même pas eu l’idée de matraquer et d’arrêter les étudiants manifestants, alors que la police anti-émeute russe 3 ans plus tard – en 1992 – sur ordre d’un maire « démocrate », a battu au sang des soldats vétérans.

La réponse, à mon avis, est très simple : parce que le système socio-économique avait changé. En 1989, nous vivions encore sous le socialisme, même s’il était déjà bien abîmé par la « perestroïka », et en 1992 –c’était déjà sous le capitalisme, bien que ce fut un capitalisme spécial – oligarchique-périphérique et que l’on a qualifié aussi de « sauvage ». Et sous le socialisme et sous le capitalisme, les fonctions des services répressifs (appelez-les police ou milice) sont différentes.

Le fait est qu’il n’y a pas de classes antagonistes sous le socialisme. La Constitution soviétique stalinienne et brejnévienne distinguait deux classes dans la société socialiste : les ouvriers, les kolkhoziens et une strate d’employés ou l’intelligentsia populaire (par laquelle on entendait tous les travailleurs intellectuels). Les deux premières classes fabriquaient des produits matériels, la « strate » les distribuait et s’occupait de la gestion. Développer, améliorer et promouvoir l’idéologie entrait également dans ses tâches.

Bien sûr, c’est un schéma très simplifié. Et la classe ouvrière était très complexe, avec plusieurs niveaux, et la paysannerie aussi. Et dans la « strate », il était possible de distinguer d’une part l’intelligentsia technique et créative, d’autre part ceux qui sont maintenant appelés employés de l’État, et enfin la fameuse nomenclature. De plus, la nomenklatura avait même quelques privilèges, et parmi les antisoviétiques modernes, et même parmi certains marxistes, il y a une opinion à ce sujet, lancée par le yougoslave antistalinien Djilas. Selon lui, les assurances de Staline selon lesquelles « … pour la première fois dans l’histoire, une nouvelle société a émergé en URSS, non pas divisée en classes hostiles, mais soudée ensemble par l’unité d’intérêts fondamentaux et un objectif commun », est un mensonge et de la propagande. Apparemment, une classe exploiteuse existait aussi en URSS, la nomenclature de parti, la bureaucratie soviétique ; par conséquent, l’URSS aurait également eu un antagonisme de classe.

Cependant, les classes n’existent que là où il y a propriété privée des moyens de production. Les usines et les fabriques, les derricks et les oléoducs n’appartenaient pas aux directeurs d’usines soviétiques, aux ministres ou aux secrétaires des comités régionaux (sinon les réformateurs n’auraient pas eu besoin de les transformer en propriété privée pendant les années de la perestroïka). Ils appartenaient à l’ensemble de la société et les fonctionnaires n’en disposaient que conformément aux décisions du parti, des organes soviétiques et de la Commission nationale du plan. En ce sens, la nomenklatura n’était même pas une classe, mais une couche spéciale de bureaucrates soviétiques, rien de plus. Et avec d’autres couches, elle servait la cause commune, qui en URSS était supposée être la construction du communisme (du moins tant qu’il y avait une forte croyance en cette idée).

Et les différentes couches de la société soviétique ne se combattaient pas, comme sous le capitalisme, mais plutôt coopéraient dans le cadre d’une activité créatrice économique et politique planifiée, en tant que parties d’un seul organisme. Et cela se reflétait, par exemple, dans le fait que les gens en URSS ne se donnaient pas du “monsieur”, comme les membres des couches supérieures de la société occidentale, s’opposant aux classes inférieures opprimées, mais s’appelaient camarades, comme les membres d’une communauté de personnes partageant les mêmes idées qui font cause commune. Et seul le fait de commettre un crime faisait d’un camarade un citoyen – une personne expulsée de la confrérie des camarades, mais qui pouvait compter sur le minimum que le contrat civil – la loi – lui donnerait.

Bien entendu, la société soviétique n’était pas idéale. Il y avait de nombreuses contradictions. Mais du fait que ces contradictions n’étaient pas fondées sur la domination de la propriété privée, elles n’étaient pas antagonistes, elles pouvaient être résolues et on s’attachait à les résoudre. Certes, un libéral mentionnera immédiatement la fusillade de Novotcherkassk… Mais il s’agissait d’un excès de la période Khrouchtchev, et au fait, il est significatif que ceux qui ont donné l’ordre criminel, et en premier lieu Khrouchtchev, ne se soient pas appuyés sur la milice mais aient fait venir des unités de l’armée. La milice soviétique n’existait pas pour combattre le peuple. Souvent, les paroles de Maïakovski étaient citées sur un ton chaleureux : « Ma milice prend soin de moi. »

L’absence dans les structures de la milice soviétique jusqu’en 1989 de détachements spéciaux pour disperser les rassemblements de protestation, équipés d’uniformes spéciaux (casques, boucliers) et d’armes spéciales (matraques, menottes), était précisément liée à ce fait. Certes, même ici, on objectera : en URSS avant la perestroïka, il n’y avait pas de rassemblements de protestation de masse et de telles unités n’étaient pas nécessaires. Mais le fait est que cela ne s’est jamais produit : des rassemblements de protestation de masse éclatent uniquement dans la société bourgeoise, où les gens sont atomisés et ces atomes existent normalement séparément, et au moment d’une crise, ils “se collent ensemble” dans les foules. En URSS, les gens appartenaient à des collectifs de travail. Chacun était membre d’une telle équipe – un département universitaire, un atelier d’usine, une ferme collective, une unité militaire, etc. À cette époque, même les manifestations se déroulaient dans des collectifs – chaque colonne est une institution ou une entreprise distincte. Et les gens résolvaient leurs problèmes grâce au collectif et à ses formes d’auto-organisation et de gestion – comité local, comité syndical, cellule, comité du parti (et prenez la révolte de Novotcherkassk – là aussi, en fait, le « noyau » était constitué par les travailleurs d’une entreprise – une usine de locomotives électriques). Lorsque les institutions de la démocratie socialiste populaire ont cessé de fonctionner, le socialisme s’est effondré.

4. Passons maintenant à la société capitaliste. Elle est dominée par la propriété privée légale et légalement protégée, y compris sur les moyens de production. Les gens sont divisés en classes (certains possèdent cette propriété, d’autres non). Les relations entre les personnes et les classes sont médiatisées par l’argent, c’est-à-dire qu’elles sont de nature marchande. Et le marché est une zone de concurrence où se font les profits. Et par conséquent, une société où, au fur et à mesure que le marché se développe, atteint un niveau capitaliste élevé, elle est divisée en riches et pauvres, en ceux qui ont leurs propres yachts, leurs palais, leurs avions, et ceux qui ont juste assez d’argent pour une maigre nourriture (et parfois à peine). Et surtout, certains sont riches parce que d’autres sont pauvres. L’idéologie peut étouffer les contradictions entre elles, mais elles ne peuvent être complètement éliminées sans détruire les fondements mêmes de cette société. Par conséquent, l’état normal de cette société est un conflit profond (une “guerre civile froide” incessante). Les pauvres détestent les riches parce qu’ils vivent dans un luxe monstrueux et cynique sur fond de demi-pauvreté de la majorité (s’il y a une classe moyenne, en cas de crise elle diminue rapidement). Mais les riches méprisent aussi profondément les pauvres, car ils les considèrent comme des perdants, du « bétail » qui, disent-ils, sont responsables de vivre de cette façon. Et comme les riches ont à la fois force et pouvoir, ils retirent leur dernier sou aux pauvres grâce aux impôts, aux amendes, aux bas salaires, aux lois draconiennes et à des milliers d’autres astuces. Et les pauvres ne peuvent qu’accumuler leur haine impuissante en attendant mieux.

Nous arrivons donc à la réponse à la question de savoir pourquoi un policier soviétique avait un concombre dans son étui, et un policier sous le capitalisme est équipé et armé comme un soldat cyborg de films fantastiques. Parce que les propriétaires de ce policier, sont des capitalistes et des fonctionnaires au service des capitalistes, et ils ont peur de leur peuple à sentir leurs genoux trembler. Ils savent mieux que quiconque combien et comment ils ont volé ce peuple. Et ils ordonnent à la police, qui lui est subordonnée, de battre les manifestants à coups de matraque – brutalement, pour leur inculquer la peur, et qu’ils cessent à l’avenir de protester…

La nomenklatura soviétique, en comparaison avec même le capitaliste le plus modeste de nos jours, était presque miséreuse et différait peu en termes de niveau de vie de la partie principale de la société, en particulier urbaine. Oui, les « partocrates » avaient un appartement de trois ou quatre pièces dans le centre-ville, oui, ils partaient en vacances dans une station balnéaire à Sotchi. Néanmoins, des travailleurs recevaient 600 roubles par mois et avaient à peu près le même ensemble de prestations. A part que le magasin spécial ne leur était pas ouvert. La presse de la perestroïka hurlait à ce sujet : “Le secrétaire du comité régional reçoit des conserves de l’étranger dans le magasin spécial !” Ouais, jusqu’à une fois tous les six mois, le 1er mai et le 7 novembre !

Et maintenant, même le propriétaire d’un centre commercial dans une ville de province se vante fièrement : « Ma femme et moi achetons tout en Europe, il n’y a que la nourriture que nous achetons ici. Nous prenons l’avion une fois par mois pour aller à Vienne à Berlin »… je l’ai entendu moi-même … Mais il n’est même pas millionnaire en dollars et pour les gens du niveau d’Abramovich, il est presque un”minable”…

Quand j’étais à l’université, je me souviens qu’avec nous, les enfants d’ouvriers, étudiait le fils du président du conseil régional des ministres. Nous étions dans la même équipe KVN [Club des gens gais et spirituels, un jeu télévisé très populaire, NdT]. Et en général, il ne différait de nous en rien de spécial. Il n’avait même pas sa propre voiture. Pouvez-vous imaginer qu’aujourd’hui le fils d’un ministre et le fils d’un ouvrier soient assis sur le même banc dans un auditorium universitaire ? La question, comme on dit, est rhétorique. En 1989, les policiers regardaient calmement le rassemblement non autorisé et, en 1992, ils brisaient la tête des anciens combattants à coups de matraque, car en 1992, leurs maîtres avaient déjà réussi à « rafler la mise » et maintenant ils avaient quelque chose à perdre. Même le regard réprobateur d’un vétéran aux cheveux gris leur faisait peur. Et si à cause de ce regard, son petit-fils étudiant se mettait à serrer les poings ?

Ne croyez donc pas la presse bourgeoise, qui crie que tel ou tel “président autoritaire” est à blâmer pour les atrocités et les violences policières. Regardez, en France et aux USA, grands pays “démocrates”, la police y bat les gens bien mieux que chez nous ! La raison est ailleurs : le capitalisme. Tant que les ressources nationales les plus importantes appartiennent à une poignée de gens riches, et non à la société, tant que tout dans la société est mesuré en dollars, le gouvernement “démocratisera” le peuple avec des “démocratiseurs”. Quand le peuple prendra le pouvoir en main, quand il créera sa propre milice socialiste au lieu de la police bourgeoise, alors seulement la matraque policière sera reléguée au musée !

Roustem VAKHITOV

Je me permets d’ajouteràl’article de Marianne ce résumé de sa biographie dans Wikipedia russe… c’est un intellectuel de renom.

Rustem Vakhitov (né le 16 octobre1970 à Ufa)est un philosophe etpubliciste russe. Eurasien. Doctorat en philosophie, professeur agrégé, Université d’État de Bashkir,chercheur principal auDépartementd’ethnopolitologie de l’Institut d’études humaines del’Académiedes sciences de la République du Bashkortostan. Journaliste,il était membredu comité de rédaction de la Russiesoviétique.

Lauréat du prix « Russie soviétique » « Parole au peuple » (2002) (13), un certain nombre deprix du magazine « Belsky expanses » (Ufa) dans la catégorie « Publicité » – lasource n’est passpécifiée 96 jours.

Membre de l’Union des écrivains de Russie et de l’Union des écrivains du Bashkortostan (depuis 2012).

Il est diplômé de la SS n° 90 Ufa (1978-1988), de la Faculté de physique de l’Université d’État de Bashkir (1988-1993), d’une école supérieure du Département de philosophie de BashSU avec un diplôme en dialectique et théorie de la cognition (1993-1996, chef du directeur scientifique – Ph.D., Prof. B. S. Galimov). En 1996, il défend sa thèse sur « l’analyse philosophique de la formation de la science classique » pour un doctorat en philosophie. En 1999-2002, il a étudié dans un doctorat au Département de philosophie de la Faculté de philosophie de l’Université des enseignants d’État russe ( I. I. Herzen (Saint-Pétersbourg) (consultant scientifique – Ph.D., Prof. A. A. Grykalov).

Depuis 1993, il enseigne à l’Université d’État de Bashkir (depuis 1997 au Départementde philosophie,depuis 2000 à la Faculté de philosophie et de sociologie). Il lit les cours « Philosophie de l’Antiquité et du Moyen Âge européen », « Eurasianisme classique », « Structuralisme en science et philosophie », « Philosophie de l’enseignement universitaire », « Philosophie », « Histoire de la philosophie ». Le domaine des intérêts scientifiques est la philosophie et la sociologie de l’enseignement supérieur, les études eurasiennes, la philosophie du platonisme, la philosophie de A. F. Losev, le marxisme soviétique, les études nationales, les études de la civilisation soviétique, la théorie de la classe. L’auteur du concept d’« ethno-concepts ». Chercheur des travaux de K. Aksakov, aégalement engagé L. P. Karsavin. Professeur du Centre d’études politiques au Comité centraldu Particommuniste de Russie . Sa contribution au Parti communiste a été soulignée par son chef, Gennady Andreevich, dans son rapport ” Les enjeux réels de l’amélioration du travail idéologique et théorique duparti « .

En 2017, il est membre du Comité jubilaire pour préparer la célébration du 100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’octobre au Comité centralduParti communiste russe. Dans les années 2000, il crée et édite le site rouge Eurasia. La publication des Eurasiens de gauche »(23) estl’auteur du manifeste « La Déclaration des Eurasiens de gauche (formulation 2003). »

Il a été membre d’un certain nombre de publications internationales traditionalistes : « Magic Mountain » (Moscou), « Intertractional » (Copenhague), « Nord » (Minsk). dansla Russie soviétique,le journal littéraire,l’ÉtoileRouge,les Origines (Ufa),les magazines jeunesse,lesnotes patriotiques,lesétenduesBel (Ufa).

Voir en ligne : traduction de marianne dunlop sur le site histoire et société

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