On peut constater dans les premières interventions que les socialistes en marche et la droite sont d’accord sur un point central, il y aurait trop de personnels à la mairie de Vénissieux, cela coûterait trop cher. Ils reprennent localement le discours national contre les dépenses publiques, et donc contre les services publics.
Mais cela nous confirme qu’on ne peut parler d’orientation budgétaire pour la ville sans l’inscrire dans le contexte économique et social de la France. Si une grande partie du monde connait une croissance continue depuis des années, la France stagne avec la zone euro. La Chine continue un développement de plus en plus qualitatif avec des salaires ouvriers en hausse rapide, au niveau de la Grèce ou du Portugal. La France continue à se désindustrialiser, malgré les effets médiatiques des start-up chères à notre président. Le dernier exemple de Ford à Bordeaux est symbolique.
Les politiques publiques depuis 30 ans expliquent que c’est la faute du coût du travail et des dépenses publiques insupportables. Elles rivalisent d’objectifs de suppressions d’emplois publics et de baisses des dotations aux collectivités… Si on les jugeait sur leur bilan, il n’y aurait pas photo, il faudrait les mettre à la poubelle. Malgré l’austérité, la dette est toujours en hausse. Chacun comprend que l’austérité rend la dette ingérable dans un pays ou, historiquement, près de la moitié du PIB est réalisée dans le secteur public. Non, il n’y a pas ruissellement et la richesse se perd en luxe, évasion fiscale et autres gabegies.
Par contre, on le sait au niveau local, l’investissement public est décisif pour l’emploi, et l’austérité imposée aux communes a un effet marqué de ralentissement, comme les pertes de recettes imposées aux bailleurs qui devaient provoquer un « choc de l’offre » et qui produit un net ralentissement de la construction !
Alors, les décideurs économiques sont-ils stupides ? incompétents ? au contraire, ils connaissent bien le résultat de leurs politiques !
Un rapport de l’’Institut des politiques publiques, organisme créé par l’école d’économie de Paris, pas par la CGT, évalue l’impact des budgets 2018 et 2019 sur le pouvoir d’achat des ménages, et ses deux conclusions sont sans appels :
- d’abord le 1 % des français les plus riches est le grand gagnant avec des revenus 2019 en hausse de 6 %. Mieux, la moitié supérieure de ces 1% gagnent en moyenne 28 300 euros de plus en 2019, et même pour le millième des plus riches, un cadeau de 86 290 euros chacun par an !
- ensuite les 20 % de Français les moins bien lotis verront leurs ressources s’amoindrir, avec la très faible revalorisation des prestations sociales et la réforme des allocations logement. au total, ils perdent 3,5 milliards d’euros, dans un contexte où les prix repartent à la hausse, loyer, énergie notamment…
Voila le fonds du problème économique… Pour qui sont faites les politiques publiques ? Les Français ont compris et parlent tous du président des riches. Il faudrait dire le président des très riches ! Seule l’action collective déterminée peut le contraindre à lâcher un peu du lest… Ce n’est d’ailleurs pas un nouveau monde. C’est avec Mitterrand que le partage de la richesses produite s’est dégradé pour les salaires qui ont perdu depuis plus de 100 milliards par an, baissant de 70% à 60% du PIB, 100 milliards par an qui sont dans la poche des actionnaires…
Alors ayons bien en tête les ordres de grandeur quand on nous annonce des mesures sociales pour 10 milliards d’euros. On peut être impressionné… même si on sait qu’en fait, ce ne sont pas les riches qui vont les payer mais les autres salariés !
10 milliards, c’est beaucoup ? Du point de vue des 50% de Français qui gagnent moins de 1750€ par mois, ce n’est pas grand chose, c’est 55€ par mois pour 15 ces millions de personnes…
Du point de vue économique ? Le PIB de la France est de 2 200 milliards, dont 1000 milliards dans le secteur public, les ménages et entreprises individuelles, donc le secteur capitaliste représente 1200 milliards, réalise 400 milliards de profits dont il réinvestit 260, reste donc 140 Milliards par an. Où vont-ils ? dans la spéculation, les dividendes, ou même pour racheter les actions afin de soutenir les cours en bourse, un sport capitaliste très à la mode en deux temps pour les actionnaires : un je vends à à bon prix, ça me fait du cash, et deux ça soutient les cours et donc ce qui me reste vaut plus cher !
Voila le contexte économique qui rend totalement injustifiable la baisse de 13 Milliards de dépenses publiques que le gouvernement impose aux collectivités, sans oublier les 40 milliards du CICE, les 100 milliards par an de la fraude et l’évasion fiscale selon un rapport du sénat…
Non, vraiment, 10 milliards une fois, ce n’est rien par rapport à la richesse produite et à la richesse accaparée par les grands actionnaires…
Alors, il faut espérer que la fronde des maires qui s’exprime de plus en plus fortement converge avec les luttes sociales pour le salaire afin de remettre en cause ces politiques en faveur des riches de l’ancien et du nouveau monde. Il faut plus de dépenses publiques pour l’école, la santé, les transports publics, l’efficacité énergétique, le logement, et il faut imposer l’austérité à tous ceux qui nous imposent une fuite en avant dans les inégalités.
En attendant, à nous de défendre notre commune et ses projets, de soutenir les actions publiques pour obtenir plus de financements, de la part de la métropole qui garde les revenus du dynamisme économique, et n’a toujours pas ouvert la discussion sur son rôle de redistribution contre les inégalités territoriales, de la région dont on ne peut accepter une politique injuste et clientéliste, de l’état qui reste le premier acteur des politiques publiques.
Et pour cela, nous soutenons une gestion rigoureuse, sérieuse, qui préserve jusqu’à aujourd’hui les capacités d’action de notre ville, en recherchant toutes les marges de manœuvres possibles, et en ouvrant le débat avec les Vénissians sur nos priorités.
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