Mais si la santé reste une priorité en ce début d’année, nous voulons faire écho en ce début de conseil à la grave crise des factures d’énergie qui frappe tout le monde, des précaires aux entreprises. Même si cela concerne comme pour la santé toute la France, c’est aussi un enjeu d’agglomération et pour plusieurs de nos politiques publiques.
Carburants, électricité, gaz, chauffage, toutes les dépenses énergétiques sont en forte hausse depuis des mois, et tout indique que la situation peut s’aggraver, jusqu’à devenir explosive pour les habitants comme pour beaucoup d’entreprises.
La commission de régulation de l’énergie considère que la hausse de l’électricité du 1er février aurait du être de 44,5 % hors taxes. Si la mesure gouvernementale limite cette hausse à 4%, ce n’est que pour un temps, puisqu’il faudra faire les comptes après les élections et que la future hausse sera encore plus dévastatrice.
Cette hausse n’a aucune raison en France, c’est l’organisation du marché européen spéculatif qui reporte sur notre électricité l’explosion du prix du gaz, à travers le poids de la transition énergétique allemande cumulant une surcapacité gigantesque de renouvelables prioritaires à prix garanti sur le réseau, avec le maintien de la part des fossiles soumis à la hausse du gaz sur le marché mondial, alors que notre pays n’a pourtant besoin ni des renouvelables ni des fossiles allemands !
Je ne vous ferai pas l’injure en cette période électorale de reprendre les citations des politiques qui ont organisé en 1996 la mise en concurrence européenne du marché de l’électricité ! Aujourd’hui, les opérateurs privés sont dans le rouge, malgré l’électricité nucléaire qu’ils peuvent acheter à bas prix, malgré ce scandale de l’augmentation récente du volume de cette revente imposée à EDF, (vive le marché libre !) qui devrait selon la CRE « limiter l’effet sur les consommateurs de la crise des prix de l’énergie », en fait bien sûr, la limiter pour les opérateurs privés. Mais les opérateurs privés sont incapables de tenir, virent leur client, et même cessent leur activité. La part du tarif régulé aura fortement augmenté en 2021 et sans doute en 2022. Heureusement que les particuliers ont le droit d’y revenir ce qui n’est malheureusement pas le cas des entreprises.
C’est l’échec historique des politiques de privatisation, qui se révèlent en plus une véritable gabegie d’argent public. Les consommateurs ont vu leur facture d’électricité augmenter constamment depuis 10 ans, et cela va monter en flèche dès les élections passées.
C’est la même chose pour le gaz, dont tout le monde connait l’explosion du prix, et cela impacte aussi fortement nos réseaux de chaleur, malgré la part important de biomasse et de nos incinérateurs. La hausse sur la saison de chauffe sera sans doute de 30% sur les facteurs des usagers, provoquant l’été prochain un choc violent de rappel de charges de chauffage.
C’est la même chose sur les carburants. Selon les données gouvernementales, le baril moyen est à 71$ en 2021, actuellement 88$, et la filière produit un gazole moyen à 0,68€HT en 2021, 0,74€HT actuellement pour un prix TTC actuel de 1,62€.
Le baril était en 2008 en moyenne à 97$ avec un pic à 133$, plus cher donc qu’aujourd’hui. Le gazole était pourtant à l’époque à 0,63€HT en moyenne avec un pic de 0,79€, pour un prix TTC à la pompe de 1,27€ en moyenne et un pic de 1,45€.
Donc, avec un pétrole brut plus bas de 30% qu’en 2008, on a un gazole HT en hausse de 8% et un prix moyen sur le dernier trimestre de 1,55€TTC, en hausse de 22% sur 2008.
Oui, les marges de la filière et les taxes frappent durent ! Le groupe TOTAL a distribué 16 milliards de dividendes en 2021. L’état a touché plus de 33 Milliards de TCIPP, sans compter la TVA....
Je vous laisse songer aux ruptures nécessaires avec les politiques énergétiques nationales et j’en viens à l’impact sur nos politiques métropolitaines. Car les habitants de la métropole vont passer à la caisse sur toutes les dépenses énergétiques et il est important de réfléchir à toutes les actions que nous pouvons mener pour les aider, les protéger du mieux possible.
Cela commence par nos offices métropolitains qui doivent anticiper les futurs rappels de charge en calculant les provisions dès ce mois de janvier pour en tenir compte. Il faut alerter tous les acteurs du logement.
Cela concerne le suivi du bon usage des chèques énergie dont on voit bien qu’ils sont moins efficaces que le tarif social qu’ils ont remplacés, et totalement insuffisants aujourd’hui. Il faut réfléchir, comme nous l’avons fait pendant la crise sanitaire avec le fonds spécial d’aide au logement, à une aide spécifique aux factures d’énergie.
Cela concerne nos réseaux de chaleur dont il faut étudier à court terme leur capacité à absorber une partie de cette hausse pour ne pas la transférer aux habitants, et dont il faut accélérer la sortie des fossiles, en mettant plus de moyens notamment sur les énergies fatales industrielles, et en orientant nos décisions pour une augmentation des capacités des incinérateurs, au contraire de ce qui était parfois souhaité.
Cela concerne bien sûr aussi toutes nos politiques d’aide à la rénovation énergétique qui visent à réduire les consommations donc les factures, même si nous savons bien qu’aucune réhabilitation ne fera baisser la facture finale nette dans ce contexte d’inflation sans limite.
Enfin, il faut être attentif à notre budget fluide et à nos propres marchés d’énergie. Il serait utile d’avoir un point de suivi de ces marchés. Le SIGERLY vient utilement de prévenir les communes des hausses qui nous sont imposées, l’organisation des marchés nous protégeant un peu des hausses, sans pouvoir bien sûr les effacer.
Au total, si cette situation appelle bien sûr des choix de rupture nationale, elle doit conduire à renforcer nos actions pour le droit à l’énergie et la justice sociale.