En attendant cette révolution économique qui suppose que le monde du travail reprenne confiance en lui et s’organise pour construire son rôle dirigeant bien plus efficace que les intérêts privés et leur main invisible, nous sommes attentifs à tout ce qui peut orienter utilement l’économie capitaliste en faveur de l’emploi et des besoins, rentables ou non. Et c’est pourquoi nous soutenons l’évolution de la raison d’être de l’ADERLY, redéfinie autour de la nécessité de renforcer la robustesse et la coopération économique du territoire, de chercher les investissements nécessaires au renforcement des filières économiques stratégiques, pour lesquels nous ne nous contentons pas de cette attractivité dans la concurrence dont la métropole s’est longtemps contenté, mais où nous définissons ce que nous voulons développer, ce qui est utile de développer dans un développement tourné vers les besoins.
Je remercie d’ailleurs le directeur de l’ADERLY pour la qualité de sa présentation et de ses réponses lors de la commission, y compris sur cette question clé de notre rôle face aux décisions d’actionnaires lointains qui détruisent des activités comme la vanille à St-Fons ou la javel à Rillieux. J’ai bien compris que tout le monde essaie de multiplier les liens avec les décideurs en espérant pouvoir peser, mais il faut resituer l’enjeu de ces grands groupes pourlesquels, même la métropole est un nain…
Ainsi de la Javel avec la fermeture de la COTELLE 104 salariés et une moyenne d’age de 54 ans , 26 ans d’ancienneté en moyenne, voila la réalité de la destruction créatrice dans un grand groupe, Colgate, qui réalise 18 milliards et génère 2 milliards de bénéfice, un groupe américain avec des actionnaires comme le célèbre monstre financier BlackRock, et c’est quelque part dans un de leur siège que la décision de détruire 104 vies humaines, savoir-faire et une histoire locale, que, monsieur Vincendet, aucune indemnisation ne pourra compenser.
A Saint-fons, ce sont 47 postes supprimés dans l’atelier de production de vanilline synthétique qui est fermé par le géant belge de la chimie Syensqo, scindé en décembre dernier de Solvay. Les échos écrivaient en décembre « Solvay/Syensqo, une scission déjà gagnante qui va créer de la valeur »… là non plus, on ne parle pas de mission, la seule qui compte, c’est la valeur pour les actionnaires, et le résultat, un mois après, ce sont les premières restructurations annoncées dont la fermeture de l’atelier vanille.
Solvay, c’était en 2022 14 milliard et 2 milliard de résultat ! En 2019, le groupe dépensait presque 2 millions de lobbying auprès de la commission européenne, mais avait touché plus de 5 millions de subventions ! Sa PDG affirmait récemment à la fois que son groupe irait toucher les subventions en délocalisant aux USA, évoquant « un risque majeur de désindustrialisation en Europe »
Nous pensons que si la nationalisation de ces grands groupes est une condition d’une autre société, nous devons tout faire pour à la fois favoriser des alternatives préservant les savoir-faire et les métiers cassés par ces décisions, et qu’il faut aussi que les décideurs de ces multinationales comprennent que leurs décisions ne sont pas sans conséquences sur leur relation avec notre territoire.