Le journaliste scientifique Sylvestre Huet présente sur son blog « Sciences au carré » une étude récente qui montre au contraire un décalage dans le temps entre l’augmentation de CO2 et l’augmentation de la température moyenne.
extraits…
Vues de loin - comme sur ce graphique ci-dessus à gauche - les relations entre climat planétaire et intensité de l’effet de serre, ici la concentration en gaz carbonique exprimée en partie par million (ppm) dans l’atmosphère, semblent simples. Plus il fait chaud, et plus il y a de gaz carbonique.
Mais quelle est la cause et quel est l’effet ? Les climatologues peuvent toutefois s’appuyer sur la physique de base, vérifiée mille fois en laboratoire pour répondre : « les deux mon capitaine ». Le gaz carbonique, gaz à effet de serre, capte une part des rayons infrarouges émis par le sol et l’océan, capturant leur énergie au lieu de la laisser s’échapper vers l’Espace. Donc, il est cause. Mais il est aussi effet, car une planète plus chaude, en particulier les océans, émet plus de gaz carbonique vers l’atmosphère. (…)
En revanche, sur la base d’un tel graphique, impossible de répondre de manière plus précise. (…)
Signée de huit scientifiques des Etats-Unis et d’Edouard Bard, professeur au Collège de France et au Cerege (Cnrs, Université Aix-Marseille, IRD)) dont le premier Jeremy Shakun, est à Harvard - cette étude a consisté à établir de manière précise une véritable courbe de température globale de la Terre entre 22.000 et 7.000 ans avant aujourd’hui. Une telle courbe ne peut s’obtenir qu’en réalisant suffisamment de courbes locales, bien réparties sur la planète, afin d’en faire une moyenne réaliste. (…)
Deux graphiques permettent de visualiser les résultats les plus importants. Le premier, à gauche, montre la courbe du gaz carbonique, la courbe de température en Antarctique et la courbe de température globale.
L’information importante est que la courbe globale est bien décalée d’environ un millier d’années vers le futur relativement à la courbe du gaz carbonique, alors que cette dernière est pratiquement calée sur la température en Antarctique.
La simple considération de la flèche du temps démontre que le gaz carbonique joue, à l’échelle globale et pour l’essentiel, un rôle causal. Le climat se réchauffe après, et au fur et à mesure que le gaz carbonique augmente sa part dans l’atmosphère. Et cette relation semble se vérifier a contrario : entre 15.000 et 12.000 ans, la stabilisation du gaz carbonique coincide avec une stabilisation de la température globale avec un décalage temporel, puis les deux remontent, là aussi avec un décalage temporel. Mais nous allons voir que cet épisode est plus compliqué à comprendre et propose une très intéressante ouverture sur les mécanismes climatiques, liés aux glaces et à l’Océan Atlantique Scenario
Un second graphique - à droite - permet de mieux comprendre encore ces relations et même de préciser le scénario du réchauffement. Il montre les courbes de température en fonction des latitudes (tropicales en vert, au nord en violet, au sud en rouge).
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Cela ne fait que renforcer l’urgence d’une véritable transition énergétique dont l’objectif doit être réaffirmé avec force : réduire les consommations d’énergies émettrices de gaz à effet de serre, c’est à dire d’énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz…). Une étude de l’Agence Internationale de l’Energie évalue les émissions de CO2 de chaque type d’énergie, en tenant compte de la construction/démantèlement et de l’exploitation des installations… Ce tableau est instructif
Energie | Emissions de C02 construction/démantèlement, transport | Emissions Exploitation |
charbon | 24 | 243 |
pétrole | 12 | 175 |
gaz | 40 | 138 |
photovoltaique | 34 | 0 |
éolien | 34 | 0 |
géothermie | 6 | 0 |
nucléaire | 6 | 0 |
hydraulique | 5 | 0 |
La sentence de Einstein peut s’appliquer aussi au débat nécessaire sur les énergies. Le préjugé anti-nucléaire est tellement ancré chez certains qu’il est devenu impossible d’avoir un vrai débat, par exemple pour comparer la dangerosité des 30 000 tonnes de déchets évacués dans l’atmosphère pour produire 1TWh d’électricité, et 150kg de déchets ultimes de la même quantité d’électricité nucléaire, ou pour souligner que la quantité totale de matières radioactives émises dans l’atmosphère dans tous les accidents du nucléaire civil ne représente que quelques % des matières radioactives émises dans les essais nucléaire militaires…
Le débat public doit comparer les scénarios énergétiques différents qui existent, et la réponse apportée par le président de la république, au delà du compromis politique à but électoral entre le PS et les Verts, devra dire comment elle réduit réellement les émissions ! Le contrat des éoliennes en mer du nord signé par le précédent gouvernement conduit par exemple à un coût de l’électricité revendu à EDF de 236€/MWh, alors que le rapport de la cour des comptes évaluaient le coût total du MWh nucléaire à 50MWh ! La différence doit être payée par les consommateurs à travers la « CSPE » de nos factures d’électricité, sans compter les centaines de kilomètres de lignes THT et le renforcement des capacités en charbon et gaz nécessaires pour compléter l’éolien…
Il y a pourtant bien urgence climatique, et la France a les outils pour réduire ses émissions non pas en fermant ses usines (ce qu’elle a fait, et ce qui en a fait un bon élève de Kyoto), mais en s’attaquant à ses vraies priorités ; Le développement du chauffage collectif en biomasse et la réduction drastique de la part de la voiture dans les transports urbains…tout cela conduisant en fait à augmenter la consommation d’électricité… Si cette électricité est produire avec du charbon ou du gaz, venant compenser l’intermittence de l’éolien ou du photovoltaïque, cela ne sert à rien…
Il est urgent que le débat public s’ouvre sans préjugés !
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