Mais les communistes ne sont pas des rêveurs, et c’est pourquoi avec d’autres, je cherche chaque occasion de faire avancer un dossier dans le contexte institutionnel, politique et économique qui n’est vraiment pas favorable à ce rêve… C’est pourquoi je cherche des liens avec tous, quelques soient leurs approches politiques, pour mieux comprendre, mieux être utile, et c’est ce que nous faisons pour la plupart sur les nombreuses actions évoquées dans ce rapport annuel du développement durable.
Mais je cherche aussi inlassablement ce qui fera bouger ce contexte politique, ce qui fera émerger des forces sociales nouvelles, populaires, progressistes, indépendantes de ce système et de son incroyable résilience, de l’incroyable inertie de sa logique qui se reproduit dans chaque rupture, qui sait que tout change pour que rien ne change, qui sait au fonds que la seule chose durable, c’est la règle de la concurrence au cœur de ce système, autrement dit, la loi du plus fort.
Car pour les communistes, l’utopie est vitale, la certitude que l’homme n’est pas fait pour cette guerre de tous contre tous qu’est le capitalisme, une utopie qui est l’opium du militant, le soupir du révolté opprimé, pour paraphraser une formule célèbre, mais une utopie qui s’enracine dans l’exigence scientifique de comprendre le monde pour le transformer, une exigence très concrète et pragmatique qui regarde toujours le réel tel qu’il est.
Et le réel, ce sont ces luttes de classes dont Marx montre qu’elles sont le vrai moteur de l’histoire. Oh, c’est un mot qui choque, mais vous savez, ce n’est finalement qu’ajouter aux intérêts économiques et sociaux que tout le monde connait, l’idée que ces intérêts s’organisent en couches sociales et leur donne une existence historique dont les plus avancés prennent conscience, ce que fait le grand spéculateur Warren Buffet qui nous dit « la guerre de classe existe, c’est un fait, et c’est ma classe, celle des riches, qui la mène et qui est en train de la gagner… »
En quelque sorte, les riches savent que pour rester riches, il faut être dur avec les pauvres, et leur faire de temps en temps la charité… Au contraire, trop de pauvres croient que pour ne pas rester pauvres, il faut être gentil avec les riches… jusqu’à a ce que la colère monte, que la solidarité avec les « arracheurs de chemise » submerge l’inconscient populaire et se tourne contre ceux qui rient des « sans-dents ».
Sans ce lien entre le concret et l’utopie d’une autre société, le développement durable n’est qu’une réforme comme une autre. C’est ce lien qui fait l’originalité et la force du courant révolutionnaire, et c’est son absence qui fait du courant réformiste un conservatisme de fait. Car les réformes les plus vertueuses, les plus durables, ne sont rien quand elles s’inscrivent dans un système qui digère toujours le nouveau pour se perpétuer lui-même, et le capitalisme vert et ses lobbies économiques nous le montrent. Une réforme qui ne fait pas grandir l’utopie révolutionnaire n’est pas une réforme, c’est au mieux un coup d’épée dans l’eau, au pire une trahison.
Oui, j’ai rêvé d’une autre agglomération, d’un autre monde, d’un autre développement, durable certes, mais surtout tourné vers la libération humaine, la sortie de cette préhistoire de la guerre de tous contre tous. Vous le savez, dans révolution, il y a rêve et évolution, autrement dit, l’utopie et l’action. C’est ce qui manque à ce rapport, l’utopie du changement de société.
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