Conseil de métropole des 11-12 mars 2024

L’éducation populaire pour la démocratie participative Enregistrer au format PDF

2024-2236 - Rapport d’activité du Conseil de développement de la Métropole de Lyon - Période 2021-2023
Lundi 11 mars 2024

Ce rapport d’activité illustre la richesse de l’expérience menée depuis deux ans sur un véritable défi, organiser l’intervention citoyenne dans une société facturée par une crise démocratique profonde. Nous invitons d’ailleurs tous les élus à rencontrer les participants de ce nouveau conseil de développement, pour bien vérifier que nous sommes très loin des craintes exprimées en 2021 évoquant la maison bleue, vous savez, cette maison « où ceux qui vivent là ont jeté la clé… ». La chanson avait été évoquée en commission par un élu craignant le risque de chienlit et le retour des minorités actives de Mai 68. J’espère qu’il est rassuré, en tout cas, le rapport d’activité nous confirme que les citoyens mobilisés ont bien construit quelque chose d’organisé, avec des règles, un comité d’organisation, un bureau… Peut-être d’ailleurs que quelques anciens de 68 diront madame la vice-présidente que nous n’avons pas assez été réaliste en ne demandant pas l’impossible.

Mais le travail réalisé est important et surtout je crois, utile. Il représente un élargissement par rapport au précédent conseil de développement, qui restait, tout le monde le reconnait, un travail d’expert très lyonnais. 600 personnes mobilisés, c’est à la fois très peu, c’est là qu’on peut dire qu’on est loin de l’impossible, mais c’est beaucoup plus que précédemment, avec un effort de représentativité territoriale et de la diversité des acteurs.

Nous avons cependant deux préoccupations qui demanderont à renforcer l’expérience autour de deux objectifs

  • la première est de mieux tisser les liens avec la démocratie participative à l’échelle des communes. C’est un défi pour une métropole dont la création s’est faite au fonds contre les communes. Il fallait parait-il simplifier le mille-feuille, et c’est pourquoi certains considéraient que la logique devait pousser à la disparition des communes, cette vision a échoué et le statut particulier de la métropole de Lyon n’a pas fait d’émule. Il reste donc un problème de double légitimité structurelle qui complique la participation citoyenne. C’est pourquoi nous pensons qu’il faut mieux ancrer le travail du conseil de développement en lien avec les outils de participation à l"échelle des communes. Madame la vice-présidente, vous êtes la première vice-présidente de la métropole à avoir participé à un conseil de quartier à Vénissieux, c’est une piste à suivre pour le conseil de développement et sans doute devrait-il travailler sur cette la construction de la participation à l’échelle des communes.
  • la deuxième est de mieux tisser les liens avec la démocratie sociale, la vie syndicale, associative, que ce soit sur le logement, la solidarité, l’action culturelle ou les droits des salariés, il y a de nombreux terrains d’intervention sur les questions économiques et sociales qui sont indispensables à toute discussion sur la ville. Bien entendu, le collège acteurs du conseil représente pour partie cette démocratie sociale, mais il y a plus à faire par exemple pour associer les syndicats de salariés aux discussions sur la mobilité.

En conclusion, nous savons que la participation citoyenne ne peut par elle-même résoudre la crise démocratique. Ceux qui ont suivi il y a un certain temps l’expérience de Porto Alegre savent comment elle s’est terminée. Tout le monde en parlait dans les forums sociaux mondiaux, la première collectivité à expérimenter la démocratie participative, le budget participatif, même si la comparaison ne tenait souvent pas compte des énormes différentes institutionnels et historiques entre la France et le Brésil qui n’avait rien d’équivalent à nos communes. En tout cas, l’expérience de Porto Alegre est aussi intéressante pour sa fin, puisque cette commune référence de la démocratique participative est passé à droite au bout de dix ans et n’a pas pu empêcher la victoire du néofasciste Bolsonaro quelques années plus tard.

Mais si les enjeux politiques ne se limitent pas à la démocratie participative, celle-ci est incontournable pour tous ceux qui veulent une autre société, une démocratie réelle quand la démocratie représentative en système capitaliste se résume à un grand et couteux marché marketing électoral. Nous sommes convaincus que pour que la cuisinière puisse diriger l’état demain, il faut qu’elle apprenne tout de suite à comprendre qui décide, comment, pourquoi… C’est le sens que nous donnons à une démocratie participative qui soit une démarche d’éducation populaire, d’éducation au pouvoir pour faire court.

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