Contrairement à la première régie en 1900, nous ne le faisons pas suite à un constat d’échec de la gestion privée, Eau du Grand Lyon fonctionne, et j’en profite d’ailleurs pour remercier tous ses agents qui ont rétabli il y a quelques jours l’alimentation du château d’eau des minguettes mise en cause par un accident de chantier. Il a fallu un travail acharné de plusieurs nuits pour nous éviter une catastrophe s’il y avait eu coupure d’eau à plus de 20 000 usagers.
Mais les enjeux de l’eau ne sont pas seulement la bonne exploitation du réseau et la qualité du service, c’est aussi d’une part le temps long des ressources, des investissements, celui sur lequel pèse toujours l’exigence de rentabilité privée, d’autre part l’appropriation par les usagers qui ne peuvent être considérés seulement comme des clients. Ces deux dimensions sont bien décrites dans le plan stratégique.
Cette délibération créé la régie en la dotant de statuts, en désignant nos représentants et en nommant son directeur. L’équipe de préfiguration est déjà au travail, mais beaucoup reste à faire et nous aurons une année de transition assurée par la métropole avant que la régie ne soit pleinement opérationnelle au 1/1/2023, ce qui fait l’objet d’une délibération spécifique.
Ces statuts donne une place significative aux usagers, avec 4 représentants, et l’ambition d’une structure large de concertation qui se construira en 2022. C’est un défi qu’il faudra relever, une difficulté générale de la citoyenneté, plus marquée pour l’eau que beaucoup considèrent comme un service naturel et parfois ne voient pas sa facturation intégrée dans des charges globales.
Cette régie a la pleine responsabilité de la gestion de l’eau, de la planification des investissements à la relation aux usagers, dans le cadre stratégique défini par la métropole. Cette relation nouvelle entre métropole et régie est aussi à construire et nous faisons pleinement confiance pour cela aux agents de la métropole, comme à ceux qui seront mis à disposition de la régie, et ceux rejoignant la régie depuis Veolia
Une telle transformation est évidemment un grand projet humain et social, pour construire avec tous une unité sociale et technique au service de cette régie.
Les statuts incluent l’adhésion au réseau France eau publique. C’est important. Si l’eau demande une gestion publique locale, elle demande aussi un service public national car le grand cycle de l’eau n’est évidemment pas d’agglomération, que la protection des ressources est un enjeu régional, national et international avec les échanges liées aux grands fleuves notamment et à leurs aménagements. C’est pourquoi nous pensons nécessaire d’inscrire l’évolution vers les régies de l’eau qui se multiplient en France dans la perspective de la nationalisation de Veolia-Suez et la CNR pour la création d’un service public national de l’eau qui serait le cadre naturel de coordination et de mutualisation entre les régies locales.
Merci à la vice-présidente Anne Grosperrin pour avoir relever ce défi qui concrétise un engagement important de notre majorité. Il reste beaucoup à faire, mais nous avons franchi une étape importante. Bravo à toutes celles et ceux qui y ont contribué.