Conseil municipal du 3 février 2025

Le discours de la dette, la rente contre le travail ! Enregistrer au format PDF

Budget Principal 2025
Lundi 3 février 2025 — Dernier ajout mardi 4 février 2025

Encore une fois, le budget Vénissian assure la continuité des missions de service public malgré les incertitudes nationales et les annonces de réduction des dépenses publiques. Certains disent que le budget Bayrou est moins violent que la version Barnier, en fait il enlève encore 6 milliards de dépenses publiques après les 30 milliards déjà prévus par Barnier, tout en réduisant d’autant les quelques augmentations de recettes qui faisaient hurler le MEDEF.

Nous savons bien que Vénissieux n’est pas ce petit village gaulois qui résiste encore à l’envahisseur, mais quand même ! Nous avons constaté au compte administratif 2023 délibéré en juin dernier que la ville dégageait un résultat positif lui permettant de ne pas emprunter malgré les hausses de l’énergie. Nous votons un budget 2025 dans la droite ligne du débat d’orientation de décembre, sans augmentation de la fiscalité, avec le maintien de toutes nos missions, un record d’investissement, le maintien des aides aux associations renforcées l’an dernier, le gel de la majorité des tarifs concernant l’enfance et la famille et nous prévoyons un emprunt de 8 millions, sans risque sur notre niveau d’endettement, tout cela en tenant compte de l’impact du projet de loi de finance, dont nous allons vite savoir s’il est adopté ou s’il fait tomber encore une fois ce gouvernement.

Bref, Vénissieux résiste encore et toujours et il est impossible ici de répéter le discours du gouvernement affirmant que ce sont les collectivités locales qui sont responsables de la dette publique !

Parce que tous ceux qui nous parlent de la dette pour justifier des politiques d’austérité nous mentent, et il faut le dire, nous mentent très consciemment. On peut bien sûr faire des démonstrations savantes, mais il suffit d’écouter Elon Musk pour comprendre ce qui est en jeu. Elon Musk a consommé des milliards d’argent public de la NASA pour s’installer sur le marché des fusées, des milliards de dette pour développer Tesla ou X, personne ne sait quand il pourra les rembourser réellement, bref, il a contribué à creuser l’incroyable dette des USA, record mondial, dette qui alimente la financiarisation du monde entier grâce au dollar que nous continuons à soutenir jusqu’à la prochaine crise mondiale.

Mais Elon Musk à un mérite, il dit clairement les choses. Pour lui, il y a un seul problème, c’est l’état ! Il veut tout réduire, restructurer ou supprimer. C’est le discours historique du fascisme qui détourne la colère populaire devant les injustices vers des boucs émissaires, les étrangers, les fonctionnaires, instrumentalisant tous les drames, les incivilités, les crimes et délits. Les fascistes sont là pour que le peuple ne se demande pas pourquoi ce sont des hypermilliardaires comme Musk qui dénonce la toute petite sécurité sociale existante aux USA comme toutes les dépenses publiques.

Parceque pendant que la dette se creuse, pendant que certains nous enferment dans le buzz médiatique des faits divers, il y a une réalité incontestée, c’est l’explosion des grandes fortunes, et les inégalités qui atteignent des niveaux records, comme l’a démontré une note récente de la Direction générale des finances publiques sur les revenus et les patrimoines des foyers les plus aisés en France. Cette étude confirme que la hausse des inégalités est spectaculaire, tirée par la croissance continue des fortunes, la fiscalité jouant un rôle d’accélérateur, faible avec les gros, sévère avec les petits.

L’urgence, ce que les peuples devraient exiger, c’est de réduire les inégalités notamment par la fiscalité ! Bien sûr aussi en augmentant massivement les salaires du plus grand nombre ce qui mécaniquement ferait baisser les profits et donc les revenus des dividendes… Comme le montre avec brio Fabien Roussel dans une intervention récente devant les étudiants de l’ESCP, le vrai problème, c’est l’exigence des actionnaires d’avoir des marges à deux chiffres, objectif 20% dit Bernard Arnaud, record de richesse. Mais en vérité, ces taux de marges sont un cancer qui tue l’investissement, donc la productivité, donc le développement, donc l’emploi, donc les recettes pour l’état et la sécurité sociale. Et la duplicité des grands actionnaires est terrible, comme ce Mr Mittal, propriétaire indou du groupe Arcelor Mittal, à qui l’Europe propose 800 millions d’aide pour moderniser ses sites industriels en France, lui estimant que ce n’est pas assez face à « la concurrence chinoise », alors que les importations d’acier chinois sont en baisse au profit… des importations d’Inde, donc de Mr Mittal !

Oui, ils nous mentent en nous faisant croire que nous devons payer la dette en réduisant les dépenses publiques, sans jamais parler des recettes, des inégalités de patrimoine et de revenu, des investissements pour la réindustrialisation de la France, de la formation massive nécessaire pour accompagner la révolution scientifique et technique.

Et d’ailleurs sans jamais parler de sujets tabous, l’inflation, la croissance et les taux d’intérêts.

L’année de ma naissance, le déficit de la France est de 650 milliards d’anciens francs, il conduit le général de Gaulle a prendre deux décisions qui sembleraient saugrenues aujourd’hui, la dévaluation et l’augmentation de la fiscalité des entreprises… résultat quand il part du pouvoir la dette de la France n’est que de 13,5% de son PIB.

Si le déficit est inférieur à la somme de l’inflation et de la croissance, tenant compte des taux d’intérêts, alors la dette se réduit. C’est ce qu’on savait en s’endettant dans les années 70 avec une inflation qui faisait disparaître les mensualités en quelques années. Qui ne veut pas d’inflation ? Bien sûr les propriétaires qui veulent voir leur actif se valoriser sans effort. Le discours de la dette, c’est le discours de la rente contre le salaire, des propriétaires contre le travail.

Les travailleurs sont les premiers à savoir qu’on ne peut distribuer que ce qu’on a produit, et notre critique de la dette comme outil politique n’est pas une apologie du quoi qu’il en coûte, au contraire. Mais pour retrouver une croissance permettant de répondre aux besoins sociaux, il faut accepter un niveau d’inflation faisant baisser la valeur de la dette, il faut sortir d’une politique de monnaie forte qui ne peut être qu’une politique de concurrence de la puissance des dettes, où les USA sont imbattables, et il faut orienter les dépenses non vers le financement des actionnaires dont aucun ruissellement ne peut être espérer, mais vers le financement du travail, des compétences, des investissements productifs, bref, de l’emploi.

Alors Monsieur Iacovella, je sais bien que vous êtes très loin de ces discours fascistes, mais tant que vous ne comprenez pas que la seule réduction des dépenses publiques ne renversera jamais la dette publique, vous servez de fait les idées fascistes à la Elon Musk, ou à la Zemmour.

On connait le résultat dans le budget Bayrou. Un milliard en moins pour l’environnement quand tout le monde constate l’urgence climatique, 679 millions en moins sur la cohésion des territoires, notamment le logement, 316 millions en moins pour la recherche et l’enseignement supérieur. Si les 4000 suppressions de postes d’enseignants prévus par Barnier sont évitées dans la version Bayrou, c’est à budget constant, pris sur la formation des enseignants, et le pass culture bien connu des jeunes est arrêté.

Et on a eu confirmation de l’arrêt des bataillons de la prévention, expérience qui fonctionnait pourtant très bien à Vénissieux, mais qui était passé de 4 assistants d’éducation à 2, puis un seul depuis septembre, et qui s’arrêtera l’été prochain. Heureusement, malgré les difficultés budgétaires de la métropole, les missions de prévention seront renforcées à Vénissieux cette année.

En conclusion, permettez-moi de reprendre l’appel lancé aux Vénissians il y a un an : Oui, la vie est dure pour beaucoup, inégale, injuste, les raisons d’être en colère sont nombreuses, et ne concernent pas que les agriculteurs ! Mais nous avons le choix, d’un coté, le chacun pour soi, la concurrence de tous contre tous, ce qui produit les incivilités et les trafics, ou au contraire, l’organisation de la solidarité, de l’action collective, et la ville est à la disposition de tous pour les faire grandir, pour inventer de nouvelles actions, de nouvelles missions utiles à toutes et tous..

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