Meilleurs voeux 2019
pour vous et vos proches
Pierre-Alain Millet
adjoint au maire de Vénissieux
conseiller métropolitain du Grand Lyon
Et comme toutes les mobilisations populaires sont toujours marquées par l’énergie des "gens d’en bas", les gens de peu comme le dit le poète Jean Richepin dans la chanson des gueux, et l’étonnement des "gens d’en haut", savourons ce poème mis en musique par Brassens..
Les oiseaux de passage [1]
Ô vie heureuse des bourgeois. Qu’avril bourgeonneOu que décembre gèle ils sont fiers et contents.Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonneÇa lui suffit il sait que l’amour n’a qu’un temps.Ce dindon a toujours béni sa destinéeEt quand vient le moment de mourir il faut voirCette jeune oie en pleurs. C’est la que je suis néeJe meurs près de ma mère et j’ai fait mon devoir.Elle a fait son devoir, c’est à dire que onquesElle n’eut de souhait impossibles elle n’eutAucun rêve de lune, aucun désir de jonqueL’emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.Et tous sont ainsi faits : vivre la même vie,Toujours, pour ces gens là, cela n’est point hideux.Ce canard n’a qu’un bec et n’eut jamais envieOu de n’en plus avoir, ou bien d’en avoir deux.Ils n’ont aucun besoin de baisers sur les lèvresEt loin des songes vains, loin des soucis cuisantsPossèdent pour tout cœur un viscère sans fièvreUn coucou régulier et garanti dix ans.Ô les gens bien heureux, tout à coup, dans l’espaceSi haut qu’ils semblent aller, lentement, un grand volEn forme de triangle, arrive, plane et passe.Où vont ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !Regardez les passer, eux, ce sont les sauvagesIls vont où leur désir le veut par dessus montsEt bois et mers et vents et loin des esclavagesL’air qu’ils boivent ferait éclater vos poumons.Regardez les avant d’atteindre sa chimèrePlus d’un l’aile rompue et du sang plein les yeuxMourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mèreEt savent les aimer aussi bien que vous, mieux.Pour choyer cette femme et nourrir cette mèreIls pouvaient devenir volailles comme vousMais ils sont avant tout des fils de la chimèreDes assoiffés d’azur, des poètes, des fous.Regardez-les vieux coqs, jeune oie édifianteRien de vous ne pourra monter aussi haut qu’eux.Et le peu qui viendra d’eux à vous, c’est leur fiente.Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.