La rencontre organisée par la métropole à Vénissieux proposait deux ateliers « C’est quoi pour vous le collège idéal ? » et « Inventons ensemble des solutions pour l’école de demain ». Une très forte participation de plus de 120 personnes, venus de plusieurs villes de la métropole, dont une quarantaine de parents, beaucoup d’idées et de témoignages échangés, et en introduction, des avis de collégiens surprenants. Ils apprécient plutôt leur collège, et font des propositions, autant sur la qualité des repas que sur la gestion de temps, du sommeil aux activités d’après-midi.
Pour beaucoup de parents, la première question est celle de la réussite. Un enfant de quartier populaire est-il condamné d’avance à l’échec ? à la discrimination ? Certains disent que la seule issue est de partir des quartiers, en espérant que les problèmes seront résolus ailleurs. Mais les enfants de familles populaires qui habitent dans des quartiers aisés n’ont-ils aucun problème ? Qui a vu l’excellent film « Neuilly sa mère » sait que ca ne résout pas tout. Le jeune Sami issu d’un quartier et qui se retrouve chez une tante dans la ville la plus riche de France s’y heurte aux inégalités et aux discriminations !
Alors regardons les résultats des collèges des quartiers pour essayer de comprendre. Un rapport récent de l’agence d’urbanisme nous dit que l’écart de résultat au brevet entre les collèges des quartiers prioritaires et les autres collèges s’est fortement réduit depuis 10 ans. Regardons plus précisément dans les collèges du sud de Lyon, Vénissieux, Lyon 7 et 8, Saint-Fons, Feyzin, Corbas, Saint-Priest… [1] Les résultats au brevet depuis 2006 sont représentés par une ligne pointillée avec une couleur pour chaque collège [2]. Et des « tendances » sont représentées pour chaque collège en trait plein.
Ce qui frappe est que la tendance moyenne est bien à la hausse, et surtout pour les collèges dont les résultats étaient les plus faibles en 2006. Il y a donc bien un « rattrapage », de l’ordre de la moitié de l’écart. Il y a cependant des variations importantes d’une année sur l’autre, et le collège Michelet par exemple, qui avait rejoint les meilleurs en 2015-2016 a connu des années plus difficiles depuis 2019.
Mais tout le monde sait que les résultats scolaires ne veulent rien dire si on ne tient pas compte du contexte social des familles. De fait, les enfants de cadres supérieurs ont partout de meilleurs résultats scolaires. La comparaison de résultats entre un collège de quartier populaire et un collège de quartier aisé est donc mensongère, si elle ne tient pas compte de ces différences sociales. Pour celà, l’éducation nationale publie depuis quelques années un « indice de position sociale » par collège [3].
Le dessin suivant présente les résultats moyens des collèges sur l’axe vertical en les plaçant dans l’ordre de leur « indice de position sociale » sur l’axe horizontal. A gauche les collèges où on trouve le plus de familles à bas revenus et le moins de familles de cadres et à droite les collèges avec plus de familles aisées… La couleur représente la commune, en vif pour les collèges publics, et la couleur pastel pour les collèges privés, le rouge pour Vénissieux…
D’abord on remarque que tous les collèges privés sont sur la droite… donc avec des familles à niveau de vie élevé. On dit parfois que des familles populaires tentent d’éviter le collège de quartier en allant dans un collège privé. S’il y a bien sûr des cas, ce sont bien d’abord les enfants de familles aisées qui vont dans les collèges privés, normal, ça coute cher…
Mais si on voit que les résultats scolaires sont effectivement meilleurs à droite, il y a aussi de bons résultats à gauche, notamment Eluard. Autrement dit la réussite scolaire d’un collège n’est pas uniquement déterminée par son indice de position sociale. Et les bons résultats de Eluard ont peut-être un lien avec les moyens supplémentaires importants dont il a bénéficié ! On sait que les moyens ne sont rien sans des équipes pédagogiques engagées pour la réussite des collégiens, mais quand même, il faut vraiment faire le bilan des actions conduites ces dernières années dans les collèges, de ce qui a réussi et qu’il faut renforcer.
Le premier bilan de ces résultats est que, non, nos collégiens ne sont pas condamnés ! Beaucoup vont réussir, dans les études ou dans le choix d’un métier ou d’une passion. C’est d’ailleurs ce que découvrent souvent des parents qui en primaire, ont une mauvaise image des collèges, mais une image qui s’améliore quand ils suivent leur enfant au collège. C’est ce que montrait l’enquête auprès de collégiens et de parents présentée en début de journée.
Non seulement, nos collèges de quartier ne sont pas des pièges, mais il sont des atouts pour résister aux pièges de la rue, des trafics, des violences. Car oui, il y a des risques pour nos enfants dans cette société, et c’est sans doute un sujet qui devrait être renforcé dans les collèges. Comment donner aux collégiens les moyens de dire non aux trafics, au harcèlements, aux racismes. Comment les aider à ne pas tomber dans le piège des addictions ?
Si on continue à développer les nombreuses actions d’innovation pédagogiques, en lien avec les parents, la ville et notamment ses équipements culturels, si on donne aux jeunes l’occasion de découvrir des métiers qu’ils ne connaissent pas, si on cultive les découvertes, les rencontres, les passions, nos collèges peuvent être des collèges de la réussite !
Ce sera un des sujets à aborder pour le prochain contrat de ville métropolitain. Conforter les efforts pour la réussite des collégiens dans les quartiers populaires, valoriser leurs réussites
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