un plateau ressources créateur de liens Enregistrer au format PDF

Parler de Vénissieux à Paris…
Vendredi 13 juin 2025

Ce mercredi 11 juin, j’ai participé aux journées nationales de l’ANRU à Paris, intitulées « Mieux vivre dans les quartiers ». J’ai contribué à faire connaitre la réussite du "plateau ressource", ce lieu vert au cœur du plateau des minguettes, qui a complété la rénovation urbaine du quartier Amstrong. Je suis très heureux d’avoir accompagné Mathieu et Andréa, les deux responsables d’association qui animaient un atelier découverte de ce lieu auprès de personnes venus de toute la France pour découvrir ce qui se fait dans les quartiers en politique de la ville pour la nature, l’agriculture urbaine, l’alimentation…

A vrai dire, la forme étant un peu stressante, des séances de 15 minutes pour présenter le projet, répondre aux questions et organiser une "activité sensorielle" illustrant ce qui est fait dans ce lieu… Un atelier à répéter 5 fois pour des groupes qui tournaient d’un atelier à l’autre, chacun sur un thème, pour nous, c’était l’éducation… On aurait pu faire biodiversité, alimentation bien sûr, mais finalement, ce thème permettait de valoriser une des plus grandes réussites de ce plateau ressource, le nombre de participants aux activités, plus de 800 personnes différentes, dont beaucoup d’enfants, et la démonstration que la nature, le jardin, l’alimentation sont des sujets qui motivent des enfants qui surprennent leurs enseignants ! Un élève qui ne se sent pas à sa place dans l’école, qui a du mal avec les règles, les connaissances, les contrôles… s’engage dans des taches pratiques au jardin, prend des responsabilités, et mobilise en fait des connaissances y compris abstraites..

J’ai essayé de donner un peu de peps à la présentation, bien sûr pour valoriser le travail des deux associations et la réussite incroyable de ce plateau ressource, un délaissé du plan de rénovation urbaine qui aurait pu être construit, mais que la ville a décidé de conserver en espace vert, saisissant l’opportunité de l’appel à projet quartier fertile de l’ANRU. C’était un pari, le site était plus connu pour ses dépôts d’encombrants et son point de deal. Et au bout de deux ans, le résultat est magnifique, d’un point de vue écologique, avec une riche biodiversité dont des orchidées venues naturellement, et bien sûr tout le travail d’aménagement, de protection, de nettoyage… réalisé sur le site. Mais aussi et peut-être surtout d’un point de vue social, avec plus de 800 personnes différentes qui ont participé aux activités et ce témoignage que cite Mathieu avec un grand sourire. Quand les enfants viennent le mercredi, si les animateurs leur proposent des activités ludiques, ils répondent "non on veut travailler…". Ce tiers lieu nature est le leur, leur espace qu’ils ont contribué à aménager et ils veulent continuer à l’améliorer.

Je me suis dit qu’on ne pouvait pas ne pas dire un mot sur le contexte difficile des quartiers populaires. Comme il ne fallait être très court, j’ai cherché des formules un peu choc, "je pourrais vous parler comme élu au logement des expulsions, du mal logement, des enfants à la rue, mais justement parce-que pour beaucoup de familles, la vie est difficile, il est encore plus important de proposer des activités natures dans ces quartiers", ou "je suis un élu communiste passionné d’agroécologie soviétique [1]", "ou encore, "nous venons de dénommer un parc voisin Ana Maria Primavesi, que vous ne connaissez peut-être pas, mais qui est une biologiste des sols qui a accompagné pendant des décennies les paysans brésiliens". Je ne sais pas ce que les participants auront retenus…

Après cet atelier sur l’agriculture urbaine, j’ai visité le site des journées de l’ANRU et fait quelques rencontres, dont le premier adjoint de Bobigny dans une conférence intéressante d’une sociologue [2] sur le voisinage.

Contrairement à ce qui se dit souvent, les Français ont des relations de voisinage riches et l’étude qui compare une grande enquête réalisée dans les années 80 avec la même enquête réalisée en 2019, donc avant le confinement COVID, montre que ce voisinage reste fort, 95% des habitants parlent à leurs voisins…

Il y a bien un problème d’isolement, qui peut monter à 20% dans les quartiers populaires et concernent notamment des personnes agées. Mais l’étude a permis de comparer les relations de voisinage selon les milieux sociaux et les quartiers. Et cela interroge sur ce qu’on appelle la « mixité sociale ». Dans les quartiers « bourgeois », les bourgeois se parlent entre eux, dans les quartiers populaires, les populaires se parlent entre eux, et dans les quartiers mixtes, et bien les bourgeois parlent peu aux populaires… en fait, l’étude différencie la simple relation de voisinage (on se parle) avec le partage de service, l’entraide… et là, la mixité sociale ne favorise pas le partage contrairement à ce qu’on pouvait penser…

Bon, c’est ce que j’ai mémorisé, il faudrait lire plus en détail les résultat de cette étude..

Ce-que-voisiner-veut-dire

Ce que voisiner veut dire . Tout le monde, ou presque, vit avec des voisins, chacun est le voisin d’autres personnes. C’est pourquoi les relations de voisinage constituent un fait social de première importance. Elles sont l’objet de nombreux discours (communs, médiatiques, politiques) et au cœur d’une pluralité d’actions et de dispositifs, privés ou publics, qui visent à les développer, à les renforcer, ou au contraire à les réguler, afin de « bien vivre » ou de « mieux vivre » ensemble. Mais comment voisine-t-on ?. Fondé sur une grande enquête menée dans différents contextes résidentiels (quartiers bourgeois, quartiers populaires, petites villes périurbaines, communes rurales…), cet ouvrage répond à cette interrogation en montrant ce que voisiner veut dire aujourd’hui. A travers leurs analyses, les auteurs apportent un regard novateur sur les questions de mixité sociale, de ségrégation, de cohabitation, d’inégalités urbaines et d’intégration sociale..

[1peu de gens savent que l’écologie n’a pas été inventée en occident dans les années 60, mais que les premières expériences d’agro-forestation datent des années 30 dans l’ex URSS..

[2Joanie Cayouette-Rembliere de l’INED, sur un travail réalisé avec Jean-Yves Authier de l’université Lumière Lyon 2

Revenir en haut