Nous sommes sûr que nous ne sommes pas seuls à rêver d’une société libérée des chaines de la marchandisation, mais vous me direz que nous sommes bien loin de la délibération.
Pas vraiment, car au fonds ce choix de société est aussi un choix de ville,et nous avons fait notre choix, nous ne voulons pas de Las Vegas ! Mais nous n’avons pas peur de la ville, de la grande ville, au contraire ! Une ville qui ne se livre pas à la publicité n’est pas une ville triste, éteinte, grise, et les Lyonnais sont bien placés pour le savoir quand ils admirent la ville des murs peints, la ville des illuminations. Ce choix de ville n’est pas un choix entre une ville éclairée et communicante et une ville éteinte et muette, mais le choix entre une ville qui montre ses artistes et ses citoyens, et une ville qui montre ses produits et ses remises..
Alors certes, nous sommes loin d’une société sans aliénation, et c’est pourquoi nous devons réglementer sur les conditions de la marchandisation, entre autres dans la communication extérieure, ce qui est le but de ce règlement.
Mais c’est pourquoi nous souhaitons conforter une orientation vers la réduction de la pollution publicitaire en proposant des objectifs ambitieux qui sont portés par des citoyens dont le collectif "plein la vue" que nous sommes nombreux à avoir rencontré... et je l’espère à avoir entendu, nous le verrons.
Nous proposons de mettre en débat
la fin des panneaux publicitaire de 8m2, hors information publique. De fait il s’agit d’une forme de communication brutale, tourné vers la circulation automobile et donc de fait s’imposant dans l’image de la ville qu’on donne au visiteur. Le développement même des parts de marchés des supports de communication rend cet objectif crédible.
l’interdiction des enseignes sur toits, c’est sans doute un des éléments les plus marquants de l’image de la ville, et quand on pense à Las Vegas on pense à cette accumulation de signes lumineux qui cherchent à être toujours plus haut, toujours plus grand pour construire une image totalement artificielle dont la laideur apparait dès... qu’on coupe le courant ! Or nos villes sont belles, leurs monuments, leurs parcs, leurs perspectives, offrons-les à nos visiteurs !
l’interdiction de toute publicité lumineuse, parcequ’en mettre une, c’est nécessairement à terme basculer toute publicité en lumineuse. Le principe même de la publicité est bien sûr de se faire remarquer, de se détacher des autres, et donc de pousser tous les supports vers une plus grande visibilité, et donc leur éclairage s’il est possible..
de même, c’est l’interdiction des publicités numériques, pour les mêmes raisons, renforcée par le fait que ces publicités ouvrent la possibilité de messages ciblés, de l’identification des passants, des liaisons entre équipements connectés du passant ou de son véhicule, de ce big brother qui ne grandit pas que dans les films de science-fiction...
Nous comprenons bien que le futur règlement devra trouver des compromis entre ce choix de ville et les réalités économiques et sociales dans notre société ou la publicité est un phénomène majeur, qui conditionne des pans entiers de notre économie. C’est pourquoi nous complétons ces objectifs généraux qui peuvent être définis en perspective par des demandes minimales qui nous paraissent indispensables dans le règlement
une forte limitation des publicités numériques et lumineuses, limitées à 2m2 et uniquement dans des zones ciblées, en refusant notamment toute ouverture à ces publicités tournées vers la circulation. En gros, le minimum permettant de tenir compte du contrat déja signé avec Decaux...
une forte réduction partout des grands panneaux de 8m2 par rapport à l’existant, qui marquent l’ambition de leur disparition à terme
l’interdiction de l’utilisation des toits
la limitation de la densité des pré-enseignes
une prise en compte spécifique d’un affichage à destination des commerces locaux, qui peut être favorisé dans certains supports, mais aussi par son financement par ceux qui profitent de l’espace public pour leur propre communication. A vrai dire, de grandes marques internationales qui ont le droit de se montrer sur une grande place de nos villes devraient accepter de financer la visibilité des commerces de ces mêmes places..
Ce seront les critères de notre décision sur le futur règlement. Permettez-moi de conclure en souhaitant que les conditions d’un vrai débat citoyen soit réunies, en fournissant des informations utiles sur le marché des différents supports et son évolution, autant en volume, surface d’affichage, nombre de points qu’en terme de chiffre d’affaire