La question de l’entrée unique ou pas du groupe scolaire Henri Wallon est toujours d’actualité. Plusieurs parents qui s’étaient mobilisés à la rentrée contre la fermeture du portail coté Cachin ont participé au conseil de quartier ce mercredi 30/11.
C’est une nouvelle étape dans un dialogue avec l’ensemble des acteurs pour un projet qui repense les circulations entre l’école et le quartier. C’est donc une bonne chose que le sujet soit discuté en conseil de quartier et j’ai confirmé le groupe de travail annoncé en conseil d’école et prévu le 15/12 prochain.
Mais j’avoue que je reste encore surpris par le lien qui est fait par certains entre le portail et toutes les autres questions de l’école, dont la plupart relèvent de décisions de l’éducation nationale... et par le silence fait sur les choix de la ville, presque unique dans l’agglomération pour la défense de l’école maternelle dès 2 ans, le droit à la cantine pour tous...
La seule question qui fait réagir est celle du portail, rien d’autres du conseil de quartier ne semble valoir le coup... Quelle idée de la réalité pourrait se faire un observateur extérieur ne connaissant pas le quartier et écoutant les réclamations portées par les parents présents ?
- une école ouverte aux parents ? C’est vraiment seulement une question de portail ? Les centaines d’écoles dans toute l’agglomération qui n’ont qu’une seule entrée sont-elles des écoles fermées ? Franchement, quel rapport ? L’école est ouverte si l’éducation nationale donne les moyens à une équipe enseignante motivée pour construire ce lien essentiel entre les familles et l’école, lien difficile car pour certains, l’école est un souvenir d’échec, de sélection, de différences sociales ! Difficile car si les parents des quartiers populaires voient l’école comme une chance pour permettre à leurs enfants de s’en sortir, les enfants savent d’instinct, et d’ailleurs tout le monde le sait bien, que l’école joue de plus en plus mal ce rôle d’ascenseur social, qu’elle est de plus en plus une machine à reproduire les inégalités et les ségrégations !
Donc, il suffirait d’ouvrir un portail pour avoir une école ouverte ? et il suffirait d’en fermer un pour que le travail enseignant-parent soit interdit ? C’est la ville qui est responsabilité de la relation école-parent ?
- des moyens de la ville insuffisants pour l’école ? Evelyne Beroud, conseillère municipale mais aussi institutrice à Vénissieux s’étonnera avec stupeur ! elle sait bien ce qui se fait depuis toujours à Vénissieux pour l’école et très souvent ce qui ne se fait pas ailleurs. Elle dira qu’on peut toujours bien sûr vouloir plus, qu’il peut y avoir des choses à améliorer, mais qu’il n’est pas correct de ne rien dire de la somme des crédits alloués aux écoles, des moyens matériels mis à disposition des équipes pédagogiques pour leurs activités et de l’engagement de la ville pour le droit à l’école en général.
J’ai dit au conseil d’école que nous ferons le point des financements existants, car c’est la première fois qu’une école dit ne pas pouvoir acheter un livre de lecture par enfant de CP. Ce problème ne restera pas sans réponse, et si des décisions doivent être prises, elles le seront dès 2012, car l’école primaire est une priorité absolue de la majorité municipale.
On sait d’ailleurs que la ville a longtemps seule, défendue le droit à la maternelle, contre les ministres qui venaient défendre les crèches privées, contre même certains enseignants qui refusaient d’inscrire les enfants de 2 ou 3 ans.
La ville continue à s’organiser pour que tous les enfants aient droit à la cantine, alors que tant d’autres villes exigent que les deux parents travaillent...
donc, s’il y a des améliorations à apporter, elles le seront, mais comment laisser croire que ce serait le problème prioritaire de l’école !
- la réussite scolaire des enfants ?
Il est légitime que des parents s’inquiètent devant le divorce entre les discours des médias et la réalité vécue. Quand on écoute les ministres et les journalistes à la télé, on apprend qu’il est essentiel que les enfants fassent de l’anglais très tôt, que le gouvernement a mis en place un programme pour cela, mais personne ne dit avec quels moyens concrets les instituteurs doivent le faire, et personne ne dit que le gouvernement a supprimé deux heures de classe par élève ! Et si des enfants de Henri Wallon n’ont pas encore fait d’anglais, ce serait la faute de la ville ? Comment les institutrices peuvent laisser dire cela ! l’action militante est indispensable et légitime, mais pour qu’elle soit un progrès pour ceux qui la mène et pas une impasse, il faut qu’elle travaille à une réelle prise de conscience des enjeux, des responsabilités, pour être sûr de taper au bon endroit, de cibler clairement ceux qui ont le pouvoir de décider. Dans le cas de la réussite scolaire des enfants, il faut le répéter avec force ! L’éducation nationale accompagne depuis des années une politique de ségrégation sociale, cachée derrière un discours médiatique toujours plus éloigné des réalités, et la ville aide autant qu’elle le peut ceux qui résistent.
Oui, il manque des enseignants, des dizaines de milliers de postes ont été supprimés ! Oui, il faut plus d’aide au devoir, de soutien scolaire aux enfants en difficulté, mais justement, ce gouvernement supprime tous les RASED, et peut-être que le poste existant à Henri Wallon vit sa dernière année. Comment ne pas expliquer clairement aux parents que c’est sans doute la première des revendications à porter en direction de l’éducation nationale !
alors, un portail et c’est tout ?
Je comprends que la fermeture du portail ait fait réagir. Mais c’était pour moi une décision mineure, qui ne concernait en rien la politique de l’école, la qualité de la relation parent-enfant, qui répondait à une demande de l’éducation nationale et impliquait simplement un nouveau cheminement piéton qui au maximum pour les familles les plus éloignées représentait 300m de marche de plus qu’avant. Comme plus des 2/3 des enfants arrivaient déja par la rue Komarov, cela n’avait pas non plus de conséquences significatives sur la sécurité de ce coté, d’autant que des aménagements avaient été acceptés par le Grand Lyon.
Cependant, avec Christian Falconnet, nous avons entendu les critiques, nous avons rouvert ce dossier et nous proposons une démarche sérieuse pour mettre tout sur la table, sans interdire des travaux significatifs si nécessaire, et en associant l’école, les parents et le quartier dès le début de la réflexion. Quand à la situation provisoire que certains refusent totalement, nous avons dit que le groupe de travail fera la bilan du fonctionnement actuel. Mais personne n’a de baguette magique, et personne ne peut faire comme si une question n’avait pas été posée par l’éducation nationale sur la sécurité de l’accès à l’école.
J’espère que nous arriverons à sortir d’un dialogue qui prend parfois un coté surréaliste [1], et que les enseignants et les parents pourront aussi regarder les autres questions scolaires, dont beaucoup de questions essentielles, que ce soit avec un ou deux portails.