Alors nous soutenons de nombreuses actions évoquées dans ce schéma et si nous remercions l’ensemble des services et partenaires qui y ont travaillé, nous pensons nécessaires d’identifier les limites de ce travail.
D’abord le choix d’un modèle énergétique maillé innovant mais qui repose sur des données 2015 dont la mise à jour sera très lourde si nous la décidons un jour, un modèle qui de plus ne considère pas les échanges entre la métropole et sa région, alors que l’énergie est toujours un échange…. rien ne se perd, rien ne se crée tout se transforme…
Dans la présentation en commission, Roland Crimier évoquera un territoire qui deviendrait producteur d’énergie, situation qui existait selon lui avant la nationalisation en 45 ! Il éclaire ainsi involontairelent un des enjeux fondamentaux des politiques énergétiques que ce schéma ne donne pas à voir, ne veut pas voir ! Le contexte politique de ce schéma est celui de la dénationalisation de l’énergie, de la remise en cause du service public, et de la mise en concurrence généralisée de tous les acteurs, en faisant du marché le seul lieu des décisions politiques.
Notez que que l’agglomération a toujours été productrice d’énergie, par exemple avec les barrages de Cusset ou Pierre-Bénite… Et surtout, encore une fois, la production d’énergie est toujours une transformation d’une forme en une autre, comme nos chaufferies urbaines qui sont un vecteur historique de la réponse au besoin de chaleur, une des formes de consommation de l’énergie.
De fait, ce schéma des énergies oblige à enterrer les discours totalement idéologiques des territoires à énergie positive qui ne sont que des constructions politiciennes pour justifier la remise en cause d’un service public national. Il est d’ailleurs amusant de voir que ce document évoque un service public des données de l’énergie, mais sans jamais évidemment évoquer un service public de l’énergie tout court, qui pourtant n’est pas totalement disparu puisque les infrastructures des réseaux restent encore un service public. C’est ce que la métropole devrait affirmer à propos des concessions dont elle a la charge, plutôt, cher bruno Charles, que de s’inscrire dans la mise en concurrence des territoires !
Cette contrainte d’un schéma qui s’inscrit dans les politiques contre le service public conduit à être très loin de l’ambition nécessaire pour relever le défi climatique, comme pour répondre aux besoins du territoire.
C’est principalement le cas pour la mobilité. Malheureusement, comme le dira dans sa réponse Roland Crimier en commission, ce schéma des énergies ne peut pas remettre en cause d’autres schéma dont le PDU… Or la première priorité métropolitaine pour le climat devrait être une très forte augmentation des transports collectifs, de ce RER métropolitain, nouvelles lignes de métro et de tram, anneau des sciences en tram-train y compris sur Bonneway… Or cela aurait évidemment des conséquences lourdes sur la consommation d’électricité et de fait, si nous voulons une autre mobilité métropolitaine, alors il faudra un autre SDE !
C’est aussi le cas pour le logement, bien que sur ce plan, les choix de ce SDE sont importants et marquent une ambition forte s’appuyant sur l’expérience très positive de Ecorenov. il faudra évidemment confirmer dans la planification budgétaire les moyens financiers de cette ambition. Mais l’objectif qui peut paraitre énorme de 200 000 logements isolés ne représente qu’un tiers du parc de logements de l’agglomération ! La politique énergétique sans doute la plus avancée de la métropole reste encore insuffisante face aux besoins !
C’est au fonds pourquoi Bruno Charles nous dit que la métropole, malgré ses efforts et des objectifs ambitieux ne sera pas un territoire neutre en carbone en 2050… Il a raison de souligner qu’aucune grande métropole n’atteindra cet objectif malgré les effets d’annonce, comme l’appel signé par Gérard Collomb tentant désespéramment de faire oublier son rôle gouvernemental, et pour une part, il nous confirme qu’une des limites fondamentales des choix énergétiques actuels sont l’impossibilité des annonces de 100% ENR. Au mieux, le potentiel ENR de l’agglomération représente 16% de sa consommation ! C’est pourquoi nous regrettons de ne pas faire plus sur le stockage de l’électricité et sur la filière hydrogène. Cela aurait pu etre le cas par exemple pour le projet solaire de la vallée de la chimie qui aurait pu avec la présence de l’entreprise Air liquide innover avec du stockage hydrogène… Chacun comprend bien que sans cela une capacité photovoltaique même multipliée par 10 ne nous éclairera pas le soir !
Or la France est un pays bas carbone en europe, elle a une richesse historique, technologique, humaine qui est en train de se dilapider, c’est sa filière nucléaire. Le démantèlement du service public est non seulement un risque social, pour les tarifs publics, le droit à l’énergie, l’emploi dans la filière, mais c’est aussi un enjeu technologique avec la perte de maitrise d’une filière dont personne ne nie les risques et dont tout montre, y compris les péripéties du chantier de Flamanville que la privatisation et sa cascade de sous-traitance est un risque majeur, systémique et qu’il est urgent d’imposer l’interdiction de la sous-traitance sur toutes les activités de la filière nucléaire. S’il y a un rôle à jouer pour la métropole dans la transparence des centrales nucléaires voisines, c’est d’exiger cette interdiction de la sous-traitance et d’agir pour la reconstruction d’un véritable service public de l’énergie.
Au total, nous soutiendrons ce rapport en continuant à pousser à un débat citoyen pour sortir de ce qu’il faut bien appeler une transition énergétique capità liste.
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