Les efforts de communication de la métropole n’ont pourtant pas manqué, la nouvelle agence de mobilité a reçu quelques milliers d’habitants à Lyon et a multiplié les initiatives dans les villes. Mais aucun effort d’explication et d’accompagnement ne peut résoudre un problème économique et social aussi important, la voiture est une illustration des inégalités profondes de notre société…
Malgré tout ce qui a été dit depuis 4 ans, il n’y a pratiquement pas de véhicules électriques à Vénissieux, 168 seulement début 2024, sur 25 000 ! et seulement 6000 Crit’Air1 autorisés dans la ZFE. En janvier ce seront près de 40% des véhicules Vénissians qui seront interdits !

Et ca ne va pas s’améliorer rapidement. Le nombre de Crit’Air1 n’augmente que de 2 points par an. Pour arriver à la moitié du parc au rythme actuel, il faudrait attendre encore 13 ans ! En 2028, quand les Crit’Air 2 seront interdits, ce seront 17 000 véhicules vénissians interdits ! En trois ans, il faudrait à l’échelle vénissiane transformer les conditions de mobilité de la moitié des familles ? impossible ! La réaction dans la consultation de début 2023 traduisait le bon sens populaire, on n’aura pas le choix, on prendra le risque, ou on n’ira plus à Lyon…
La crise économique est passé par là, et la crise de l’automobile, les ventes électriques reculent, les ventes tout court reculent, et ceux qui doivent changer de véhicule se débrouillent avec ce qu’ils trouvent !
Il est clair que les conditions économiques et sociales ne sont pas réunies pour une ZFE juste, et les mesures d’accompagnement ne peuvent suffire à compenser son injustice sociale fondamentale. Ne pas avoir un véhicule récent n’est ni un délit, ni une infraction. Si ce sont les sanctions des radars qui imposent cette contrainte, ce sera une injustice !
C’est d’autant plus urgent d’en tenir compte que la crise sociale a frappé dur avec l’inflation pendant deux ans, et les restructurations qui recommencent dans l’industrie, la distribution, la logistique. La France est malade, inégale, et dans une crise politique dangereuse. Il faut entendre l’exaspération populaire et prendre le temps d’accompagner plutôt que sanctionner. L’installation des radars ZFE dans ce contexte serait une erreur.
Accompagner avant d’interdire, c’était l’esprit des propositions des communistes et de leurs élus qui avaient été présentées à la métropole en 2023
Contribution des communistes pour une ZFE juste et efficace, adoptée lors de la conférence fédérale du PCF préparant son 39e congrès, et présentée lors du conseil métropolitain de mars 2023 après l’avis du conseil de développement.
1/ Les étiquettes Crit’Air sont inadaptées et injustes. Elles légitiment un véhicule hybride lourd, à la conduite brutale et interdisent un véhicule diesel plus léger bien entretenu et utilisé en écoconduite. Elles se focalisent sur les émissions d’azote alors que les études montrent que les poussières ont plus d’impact sanitaires. L’évaluation d’une voiture devrait être associée à son contrôle technique et tenir compte de l’ensemble de ses émissions.
2/ Le passage forcé au tout électrique est un non sens économique, social, environnemental et industriel. Encore une décision européenne qui joue dans la guerre des géants de l’automobile dans un marché en difficulté. Et l’innovation défie l’administration, le groupe MAZDA vient de sortir un hybride diesel qui respecte les normes d’émissions d’azote…
3/ appuyer l’agenda de la ZFE sur l’agenda de développement des alternatives, transport en commun, covoiturage, services mobilités, modes actifs. C’est le plan des mobilités en discussion au SYTRAL qui doit définir l’agenda de réduction de la part modale de la voiture et définir ainsi le cadre réaliste de l’agenda de la ZFE.
4/ réévaluer le besoin d’investissement du SYTRAL, pourtant doublé par la majorité métropolitaine. Repenser le modèle de mobilité métropolitain suppose de trouver les financements nécessaires pour répondre aux besoins, et notamment en intégrant le projet de RER métropolitain, alternative essentielle pour les territoires périphériques de la métropole.
5/ Il faut aussi un plan de consolidation du SYTRAL pour sortir des difficultés de recrutement, de maintenance, de qualité de service.
6/ il faut mieux prendre en compte la situation du marché de l’automobile, et notamment, comprendre l’impact sur le marché de l’occasion, pour ne pas jeter à la casse trop de véhicules qui pourraient apporter une réponse à un coût social et environnemental maîtrisé. C’est un des résultats de l’enquête vénissiane. Il serait très pertinent de favoriser l’acquisition d’un crit’air 2 pour l’abandon d’un crit’air 3 comme un palier intermédiaire avant d’accéder au crit’air 1
7/ Enfin, une ZFE juste doit être incitative et ne peut reposer sur des sanctions. Nous considérons qu’un habitant qui ne peut changer de véhicule ni de mobilité n’est pas un délinquant. Le principe de faire payer un PV ZFE, indépendamment de la situation de la personne et des efforts faits ou non pour tenir compte de la ZFE, est injuste d’autant plus quand la ZFE autorise des véhicules lourds, qui ne sont propres que par leur classification…