Railcoop, les leçons d’une impasse Enregistrer au format PDF

Mardi 2 avril 2024

L’annonce est brutale après des années de promesses et de mobilisations, mais elle confirme ce que disent les syndicats du ferroviaire depuis des années et les élus communistes, de Bordeaux à Lyon… Les réactions sont parfois surréalistes chez ceux qui ont défendu ce projet en laissant dans la confusion le fonds du débat, service public ou pas ?

Nous appelons tous ceux qui ont défendu ce projet à relire ce qu’en disaient les défenseurs du service public, pour en tirer les leçons. On ne joue pas au capitalisme avec les cartes des petits, en faisant croire qu’on peut être sur le même terrain de jeu que les gros !

Nous espérons que c’est le sens de la déclaration des écologistes qui « appellent à l’action sur le ferroviaire », demandant que « l’état se bouge », et affirmant, comme les élus communistes le disaient en refusant de voter la participation de la métropole : « C’est à lui d’investir, d’aller remettre du train dans tous ces endroits où on en a besoin ».

Les défenseurs de ce projet dit coopératif doivent tirer les leçons de l’échec et réaliser qu’effectivement, c’est l’état qui doit décider d’une relance du réseau ferroviaire. Toute l’histoire du rail montre que ce service ne peut être privé car aucune rentabilité de capital n’est possible sans raisonner sur un siècle, ce que seul peut faire l’état !

Ils doivent aussi réaliser à quel point ce projet était contradictoire, affirmant qu’il n’était pas tourné contre la SNCF, mais poussé par le président de région pour accélérer la mise en concurrence, demandant la vente à bas prix neuf rames TER Auvergne-Rhône-Alpes… On sait bien ce que veut ce président ultra-conservateur, lui, c’est bien de casser le service public SNCF et de privatiser !

Et ils doivent aussi regarder les péripéties de Railcoop et à quel point elles ressemblent à celles des investisseurs privés dans la concurrence… des fonds d’investissements qui se battent pour prendre le pouvoir en dépensant le moins possible, et les éternelles guéguerres de dirigeants. Quand Railcoop annonçait finaliser des négociations avec un fonds d’investissement, citant l’espagnol Serena Partners, quand la valse des changements de dirigeants fait penser aux aventures de Casino, peut-on vraiment parler de coopérative ? au capital de TOTAL Energie, il y aurait 100 000 petits porteurs qui votent, eux aussi… Cette fausse « démocratie de l’actionnaire » peut-elle être un modèle ?

Oui, il y a une place pour des coopératives dans des activités qui ne demandent pas trop de capital, donc dans lequel les logiques d’actionnaires peuvent ne pas être décisionnaires, quand l’activité se construit d’abord sur les métiers, les services, la relation aux clients. Mais pas quant il faut mobiliser de grands capitaux sur de très longues périodes, raison qui avait conduit un premier ministre qui serait aujourd’hui macroniste à « nationaliser » les acteurs privés du rail en 1937.

Oui, la situation nous donne raison, et donne tort à Mathieu Vierra qui soutenait la prise de participation de la métropole à Railcoop, en évoquant le jeu coopératif des Aventuriers du Rail ; « chaque joueur.euse a dans sa main des cartes Wagon avec lesquelles il peut acheter des tronçons et des gares pour relier plusieurs villes, ceci afin de créer des routes correspondant aux cartes Destination qu’il a piochées. »

C’est cette conception de la société comme un Monoply qui est une impasse, qui conduit à l’échec. Les citoyens ne font pas bouger la société en devenant actionnaire, mais en s’organisant pour arracher la direction de l’état aux actionnaires et imposer le service public et une nouvelle démocratie dans l’économie elle-même !

C’est la condition pour ne pas se faire piéger dans les joutes politiciennes, et permettre par exemple en 2021 au président de la région d’affirmer son soutien au projet de Railcoop, en renvoyant la balle à la métropole.

Il faut désormais relancer la bataille du rail ! autant pour le fret ferroviaire qui ne redémarre que bien peu malgré les annonces, que pour les passagers. Et il faut refuser d’opposer petites et grandes lignes, transversales et TVG. Le rail a besoin de toutes ses lignes !

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