Il faut rappeler que le Front Populaire de 1936 est né d’une réaction militante aux violences fascistes de février 1934, et que c’est la puissance des manifestations unitaires en 1935 qui ont permis une victoire électorale grâce à l’accord entre communistes, socialistes et radicaux.
Le Front populaire a été un extraordinaire moment populaire festif avec un large mouvement social mobilisant des millions de salariés avec occupation d’usines.
Il a permis des réformes sociales qui restent dans les mémoires, congés payés, semaine de 40h, conventions collectives, création de la SNCF, du CNRS …
Mais il n’a pas entamé la décolonisation, et s’est divisé sur la « non intervention » en Espagne. Il n’est pas arrivé à relancer l’économie et maitriser l’inflation, et a éclaté sous la pression des exigences de la finance.
Il est défait en 1938 par ceux qui organiseront une terrible répression du mouvement social, puis les accords de Munich ouvrant la voie au nazisme en europe, puis l’interdiction du parti communiste et l’internement de ses députés.
Ce rappel historique nous montre que notre peuple est capable de créer la surprise, de se mobiliser pour mettre un frein à l’extrême-droite, mais aussi que nous avons à surmonter deux difficultés
- la capacité à développer l’économie et l’emploi sur d’autres bases que le capitalisme mondialisé et financiarisé qui nous gouverne depuis des décennies
- la nécessité de la paix et des coopérations contre les forces de guerre et de domination (néo)coloniale.
Si l’urgence est la bataille contre l’extrême-droite aux prochaines législatives, l’essentiel est de reconstruire les forces populaires pour relever ces défis dans les années qui viennent. C’est un défi tant les idées d’extrême-droite se sont installées partout et dans tous les milieux. Car la réalité de concurrence permanente entre tous, pour le logement, l’emploi, la consommation pousse au chacun pour soi. Contrairement à 1936, l’extrême-droite se partage le monde du travail avec l’abstention. La bataille contre l’extrême-droite n’est pas une bataille de valeurs, mais de modèle économique et social, de revendications pour le droit de tous au logement, au salaire, à la santé, à l’alimentation.
Les communistes appellent avec raison nos concitoyens à s’organiser eux-mêmes sous toutes les formes possibles pour reconstruire une gauche populaire et sociale, faire le bilan des échecs de 1938 comme de 1983, ce tournant de la rigueur qui a ouvert cette longue crise de la gauche faisant la place à l’extrême-droite dans le monde du travail.
L’urgence est de battre l’extrême-droite. Mais il faut pour cela que la gauche s’engage pour mener une autre politique économique et sociale, pour faire reculer les inégalités et les injustices, pour l’égalité, pour la paix et la coopération internationale.