Le pire, c’est que les services de collecte vont nous dire maintenant qu’ils ne peuvent plus accéder normalement aux bacs à travers le fatras d’encombrants. Sauf qu’on est désormais sur un foncier métropolitain, donc que ce n’est plus aux bailleurs de gérer ce point de collecte.
La ville met en place en ce début d’année un service de vidéoverbalisation dédié aux points d’encombrants. La métropole doit y contribuer sur ce point noir.
C’est un bon exemple dans le débat public sur les incivilités, les sanctions, l’action des collectivités locales… Une voisine rencontrée ce matin là dans la rue m’a longuement transmis sa colère devant cette situation indigne pour les habitants. Mais elle se trompe, car au lieu de condamner ceux qui déposent, elle condamne ceux qui ne nettoie pas assez apparemment, les services publics qui ne font pas respecter la loi. Et tout y passe, ce sont toujours les mêmes, comme pour les points de deals, et le mot clé qui fait fureur dans les chaines d’info en continue est lâché, ce sont les immigrés, et nous on ne peut plus vivre ici, on n’a plus de commerces, elle me parle même d’un vieux centre commercial Vénissy idéalisé avec ses commerces diversifiés, comme si elle ne savait rien de la crise des petits commerces dans toute la France, notamment rurale. Et elle me dit d’ailleurs qu’elle ne fait plus rien à Vénissieux, donc elle ne connait pas la réussite du cinéma, de la médiathèque, des équipements polyvalents jeunes, des assemblées de conseil de quartier où elle ne vient plus… Bref, elle dénonce une ville qu’elle ne connait plus en fait, et dont elle ne voit plus que les incivilités et délits.
A ce moment là, un autre voisin passe, d’origine tunisienne, un monsieur poli, cultivé, citoyen, fraternel, il me dit à la fois « face aux dealers et à ces comportements inciviques, j’ai la haine de la tête au pied », mais il ne mélange pas tout, il sait bien que c’est la société toute entière qui est marquée par l’économie parallèle, le chacun pour soi, et s’il est demandeur de sanctions lourdes, il est prêt à tendre la main à ma voisine pour surmonter ce racisme que la colère génère et que l’extrême-droite cultive depuis des années.
Ces deux rencontres illustrent la fracture profonde qui divise les milieux populaires, car les deux sont en fait du même milieu social, des couches moyennes dont les difficultés s’aggravent. Elles montrent aussi la distance qui s’est creusé entre les « gens » et le débat médiatique, les slogans, les polémiques, le « buzz » qui fait le quotidien des télés en continu et des réseaux sociaux, et malheureusement, de trop de dirigeants de gauche. Pour faire reculer les idées d’extrême-droite, il faut sortir au plus vite de ce piège, et tisser des liens réels entre les habitants. C’est ce qu’a réussi Vénissieux lors des dernières assemblées générales de conseil de quartier et avec l’incroyable succès de la consultation vénissiane sur la sécurité… 7473 participants !