Car les points de trafics sont connus de tous, des habitants comme des services de police, des clients aussi. Pourtant, l’action de police est efficace, ses résultats sont même impressionnants, des centaines de points de trafics démantelés avec incarcérations de trafiquants. Mais le trafic continue, les points de deal se renouvellent, l’organisation des trafics recrute en permanence et s’adapte à l’action de police.
Il ne suffira pas de condamner l’auteur coupable du crime, il faut aussi éclairer les responsabilités dans cette réalité d’un trafic qui se développe malgré sa répression.
Il y a d’abord cette femme venue acheter sur le point de deal et qui parle masquée aux médias sans que personne ne lui fasse remarquer que le trafic existe pour elle, car sans client, pas de trafiquants !
Il y a les experts et les dirigeants politiques qui depuis des années font des déclarations, et même des lois dans l’esprit de la « tolérance zero » de Sarkozy, celui qui a le plus réduit les effectifs de police, mais qui ne tirent aucune leçon de leurs échecs visibles de tous !
La vérité est que l’action publique réprime les trafics mais accepte les stupéfiants !
- Rien n’est fait pour s’attaquer enfin à la consommation, cet enjeu de santé publique qui fait de la France le pays le plus consommateur. Ceux qui parlent de légalisation du cannabis oublient de dire que sur chaque point de deal, il y a autant de cocaïne et d’autres produits. Chacun peut entendre des messages sur l’alcool ou le tabac, mais le plus souvent dans les médias, le cannabis est un sujet de plaisanterie ou de débat sur sa légalisation
- Rien ou presque n’est fait contre le trafic international, pour une coopération mondiale contre les trafics depuis les pays producteurs, avec les moyens d’assurer la reconversion des paysans à la source des trafics. Au contraire, l’armée US se sert de la guerre contre les narcos pour les intérêts géopolitiques US, alors que de nombreuses affaires montre sa propre participation aux trafics !
- Rien ou presque n’est fait contre le blanchiment de l’argent des trafics dont tout le monde sait qu’il ne reste pas dans les points de deal mais finit dans les banques et les paradis fiscaux !
- Rien ou presque n’est fait pour sortir les adolescents recrutés par les trafiquants de la violence de la rue, pour aider les familles à refuser de se soumettre aux mafias locales
- Et si peu est fait, si peu par rapport aux besoins, pour construire une vie digne à tous dans les quartiers populaires, pour démontrer à chacun qu’il a une place dans la société, des droits, une vie positive à construire !
Le coupable sera condamné, mais les responsabilités politiques des gouvernements successifs sont terribles, les responsabilités collectives d’une société du chacun pour soi capable de justifier l’injustifiable, l’argent sale, et de ne soigner la violence sociale que par les addictions de tout type, qui sont le contexte de la progression des trafics.
Il faut un vrai débat citoyen pour faire le lien entre notre quotidien de l’insécurité et le refus de cette société des drogues. C’est la seule réponse responsable à la mort de ce policier, aux craintes de milliers d’habitants confrontés chaque jour à la violence de ces trafics.
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