Nous avions déjà eu début novembre un sondage que le groupe des élus communistes et parti de gauche de la métropole a dénoncé comme un sondage « enfumage », et qui interrogeait 839 électeurs de la métropole sur quelques noms, effacant sciemment les 59 communes et les 14 listes de circonscriptions.
L’opération est renouvelée ce 14 novembre avec tout le poids de France Inter et du journal Le progrès avec un sondage sur 608 électeurs de la métropole, toujours sans tenir compte des candidatures connues dans les 14 circonscriptions, et ne portant que sur la notoriété de quelques noms.
L’échantillon de 608 personnes pour une élection qui concerne 830 000 électeurs est déjà bien faible, et conduit à une marge d’erreur de 5% [2]. Mais le plus grave est que la même question est posée à tous les électeurs des 14 circonscriptions alors qu’ils auront à choisir dans chaque circonscription avec des listes différentes. Les noms soumis aux électeurs dans le sondage ne seront donc pas les candidats pour la plupart des électeurs. Et si on veut tenir compte des situations locales, alors on se retrouve avec un sondage portant sur 45 électeurs dans des circonscriptions de 60 000 électeurs. La marge d’erreur est alors énorme, de l’ordre de 20% et aucun sondeur professionnel ne peut décemment publier un résultat !
Or l’élection se jouera bien dans chaque circonscription, avec une prime majoritaire qui sera l’élément principal de construction de la future majorité métropolitaine, comme je l’ai montré dans l’étude des potentiels électoraux par circonscriptions .
Les habitants des 59 communes de la métropole connaissent déjà mal la répartition des compétences entre les communes et la métropole, la plupart ne savent pas encore qu’il faudra voter deux fois le 15 mars prochain, une fois pour la commune, une fois pour la métropole. Certains se demandent à la lecture du sondage « mais est-ce qu’on va avoir Collomb aux élections de Villeurbanne ? de Vénissieux ? de Bron ? »
Tout est fait pour jouer sur cette confusion, et imposer un choix qui n’est pas celui qui sera proposé sur le bulletin de vote. Le journal Le Progrès présente les portraits des candidats à la métropole avec en fonds une photo de l’hôtel de ville de Lyon. France Info commence son article sur « les élections municipales de Lyon » et présente des résultats concernant les élections métropolitaines.
Il ne faut pas se laisser impressionner par cette pression médiatique. Gérard Collomb tout comme David Kimelfeld ou tout autre personnalité proposée par les sondages, ne seront candidats que dans une des quatorze circonscriptions, la grande majorité des électeurs ne voteront donc pas pour eux, et le sondage est donc une opération d’enfumage.
D’ailleurs, personne ne parle de la la loi adoptée définitivement le 24 octobre par les parlementaires.
Article 5/10 de la loi visant à clarifier diverses dispositions du droit électoral
L’article L. 52‑3 du code électoral est ainsi rédigé :
« Art. L. 52‑3. – Les bulletins de vote ne peuvent pas comporter :
- 1° D’autres noms de personne que celui du ou des candidats ou de leurs remplaçants éventuels, à l’exception, pour la Ville de Paris et les communes de Marseille et de Lyon, du candidat désigné comme devant présider l’organe délibérant concerné par le scrutin ;
- 2° La photographie ou la représentation de toute personne, à l’exception de la photographie ou de la représentation du ou des candidats à l’élection concernée et, pour la Ville de Paris et les communes de Marseille et de Lyon, de la photographie ou de la représentation du candidat désigné comme devant présider l’organe délibérant concerné par le scrutin ;
- 3° La photographie ou la représentation d’un animal.
- Les bulletins de vote peuvent comporter un emblème. »
Cette loi qui consolide divers textes disparates a le mérite de rappeler un principe ancien de la démocratie électorale. On sait que la première élection au suffrage universel en France a mis au pouvoir… l’empereur Napoléon III. C’était une élection présidentielle qui ressemble plutôt à une forme de plébiscite. Il ne s’agit plus d’un débat démocratique organisant l’expression de « la volonté générale », mais d’une bataille médiatique pour rechercher le soutien populaire à un pouvoir personnel.
C’est ce que Gérard Collomb recherche dans cette bataille médiatique. Imposer son pouvoir personnel contre l’existence des communes et des territoires. Effacer le débat démocratique dans les 59 communes, effacer le pluralisme des 14 circonscriptions, et imposer le seul sujet qui l’intéresse, son pouvoir personnel.
Il a réussi son « oukaze » en 2013 avec Michel Mercier. Tout ceux qui l’ont cru à l’époque savent désormais ce qu’il en est. Il est encore temps de faire échouer ce deuxième coup de force contre les communes !
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