Ce dont souffre le système scolaire Français, c’est d’abord d’être un système profondément inégal !
Le rapport international PISE confirme ce que nous savons tous. Le système scolaire français n’est pas le meilleur, mais il n’est pas mauvais. La France forme beaucoup de brillants étudiants mais elle laisse aussi beaucoup de jeunes sur le carreau, d’exclus du système scolaire, et elle est un des pays ou le déterminisme social est le plus fort… Tout va bien pour les enfants de cadres, d’enseignants, de professions libérales, mais c’est très dur pour les enfants d’ouvriers et d’employés !
Bien sûr, il y a des centaines de jeunes Vénissians de familles populaires qui réussissent ! Mais il y en a trop qui galèrent dès le collège, se retrouvent à 16 ans ballotés de stages en stages sans trouver de filière d’insertion vers un emploi digne. C’est pourquoi il faut multiplier les moyens pour l’insertion et la formation professionnelle, contrairement à ce que la région fait et à ce qui se prépare avec la réforme de l’apprentissage du gouvernement…
Mais nous savons tous que beaucoup se joue dès l’école élémentaire ! Ce devrait être la priorité de toute réforme, de toute réorganisation de l’école, aller vers l’égalité de réussite pour toutes les catégories sociales. Cela suppose de sortir d’un système basé sur la sélection par l’échec, de sortir de la coupure entre théorie et pratique, de réintroduire beaucoup de matières expérimentales, concrètes, liées à la diversité des métiers, de développer les enseignements sportifs, culturels, artistiques…
Et tout cela demande des moyens. Et si le budget 2018 de l’éducation nationale augmente de 1,3 milliard soit 2,6%, le nombre d’élèves augmente d’autant (30 000 de plus au collège par exemple), alors que le nombre de postes reste stable, avec même 2600 postes d’enseignants stagiaires à mi-temps supprimés ! C’est ce que nous constatons avec la réforme des CP à 12, ce sont les postes d’enseignants en surnombre qui ont été transformés, au total, le nombre moyen d’élèves par enseignant va augmenter en 2018 !
Les rythmes scolaires, pour les enfants ou pour les grands ?
Rappelons-nous que pendant des décennies, les enfants allaient à l’école 4 jours et le le samedi matin. Le samedi est devenu le mercredi, et nous savons tous que c’est la demande sociale du week-end, autant chez les parents et les enseignants et… les professionnels du tourisme, qui a généralisé cette réforme et pas du tout l’efficacité pour le rythme de l’enfant. Et c’est le gouvernement Sarkozy qui a introduit en 2008 la semaine de 4 jours… et toujours pas dans l’intérêt de l’enfant !
Au contraire, à l’époque, les témoignages de parents et d’enseignants se sont accumulés sur les conséquences négatives pour l’enfant, sur la fatigue de journées trop longues, d’après-midi d’apprentissages difficiles quand tant de pays privilégient les activités l’après-midi…
En 2010, l’académie de médecine, la cour des comptes, l’institut Montaigne, ont produit des rapports critiques de la semaine de 4 jours… La mission parlementaire sur les rythmes scolaires a proposé l’interdiction de la semaine de 4 jours, pour « placer l’intérêt de l’enfant au centre de la nouvelle organisation du temps scolaire, en allant au delà des intérêts acquis ».
En 2010 aussi, la FCPE lançait une campagne pour le retour aux 4 jours et demi en affirmant :
La semaine de 4 jours, imposée par le ministre densifie la journée de travail et est beaucoup trop fatigante pour les enfants. On a concentré 872 heures sur moins de 136 jours alors que dans toute l’Europe, il y a plus de jours de classe avec des journées moins chargées.
Quand en 2013, le gouvernement socialiste lance la réforme avec retour aux 4,5 jours, il ne faut pas oublier qu’il transfère 3 heures d’école qui étaient financées par l’état aux communes. Les communes doivent payer pour renforcer leur périscolaire. Mais cette réforme prenait aussi en compte les critiques de la semaine de 4 jours et voulait mieux répartir les heures d’enseignement dans la semaine…
Alors, est-ce que tout a changé depuis ? Bien sûr que non ! Mais qui s’intéresse vraiment au rythme de l’enfant dans cette affaire ? Car le rythme de l’enfant ne s’arrête pas à l’école. C’est bien sûr le rythme des parents, de la famille, des amis qui fait le rythme de l’enfant… Quand les parents doivent se lever tôt, trouver une garde le matin, en fin de journée, quand leurs horaires sont variables, l’enfant se fatigue aussi avec la fatigue des parents !
Et l’enfant se fatigue aussi quand il fait du sport, quand il joue ! La vraie question est plutôt celle de son intérêt, de l’attention qu’il peut apporter aux différentes activités de sa journée… Et nous savons tous que le premier sujet de préoccupation pour la génération qui vient sont les écrans ! Un enfant qui a passé autant d’heures devant un écran, téléphone, tablette, console de jeux, télé… qu’en leçon de français à l’école est peut-être fatigué pour d’autres raisons que les horaires !
Quand un enfant a envie d’une activité, quand il est fier de ce qu’il fait, quand il découvre avec d’autres, il a beaucoup plus d’énergie que beaucoup d’adultes blasés ! Ce qui compte vraiment, c’est ce qu’on lui propose, c’est d’abord le contenu, les programmes scolaires et les moyens de le rendre vivant, interactif, expérimental… c’est tout ce qui donnera envie à l’enfant d’apprendre, tout ce qui le rend fier de ce qu’il a appris ! Les parents qui voient la joie de leur enfant qui a gagné un concours, de musique, de sport ou d’autre chose, dont la préparation a été dure et … fatigante, le savent bien !
Pour l’égalité dans l’école de la république, dans toutes les communes !
Sarkozy avait commencé en 2008, Hollande l’a poursuivi en 2012, et Macron le renforce en 2017… A chacun son école, ses horaires, son périscolaire et bientôt son programme… Fini l’école qui apporte à tous, dans toutes les communes, riches ou pauvres, petites ou grandes, le droit à la réussite scolaire ! Pour Macron, ce n’est pas un hasard, il propose des régions qui pourraient « adapter » des lois, des métropoles qui ont toutes des statuts différents… Au contraire, nous demandons que l’éducation nationale garantisse le droit à l’école partout, en prenant en charge tous les enseignements, théoriques et pratiques, scientifiques et culturels ou sportifs, même si beaucoup de choses peuvent être organisées localement. Le financement public national est la garantie pour les familles populaires de défendre le droit de leurs enfants.
Rassembler les enseignants et les parents pour la réussite scolaire de tous !
Dans toutes les communes, le débat est vif et les mécontents s’expriment, quelles que soient les décisions des communes. A Vaulx-en-Velin, les parents protestent contre une consultation trop rapide qui pour certains les piège avec une forte augmentation des tarifs du périscolaire sur 4 jours, à Lyon, des parents protestent contre la disparition possible des mercredis de Lyon, et des enseignants proposent un troisième scénario… En général, les petites communes sont revenues aux 4 jours qui sont plus simples à organiser pour elles, beaucoup de maires de droite ont choisi les 4 jours parce qu’ils sont contre un service public étendu, et choisissent de laisser les parents s’organiser… C’est sûr qu’à Neuilly ou à Saint-Cyr-au mont-d’or, les parents ont en moyenne peu de problème pour organiser les activités de leur enfants ! La situation de Lyon est particulière puisque le maire devenu ministre de l’intérieur avait profité de la loi prévue pour les communes rurales (!) pour concentrer le périscolaire le vendredi après-midi…
Et les consultations des parents montrent un peu partout le piège que représente la décision gouvernementale de laisser les communes décider. Si parfois le vote est large, il est parfois très serré, opposant ainsi les parents entre eux ! Et les consultations ne portent que sur la question du retour aux 4 jours ou pas. Mais qui interroge sur le nombre de jours dans l’année ? (144 pour les communes qui sont passés à 4 jours contre… 208 en Allemagne !) Qui interroge sur le contenu du périscolaire ? qui interroge sur le financement de ces activités (le gouvernement maintient son aide pour l’instant, mais à long terme ? ). Et qui a diffusé les études qui devaient être faites sur le bilan de la réforme de 2013 ?
La ville de Vénissieux a décidé de prendre le temps d’un vrai travail, à partir d’une vraie évaluation, avec tous les acteurs de l’école. Pour ceux qui voulaient absolument les 4 jours, c’est bien sûr une déception, et certains devront s’organiser l’an prochain comme cette année. Mais pour la ville, c’est un engagement pour une vraie politique éducative, même si elle doit être adaptée aux 4 jours finalement. Et pour tout le monde, c’est aussi une occasion de sortir de ce piège qui divise autour d’un seul chiffre, alors que tout nous montre que le vrai débat est bien plus riche. C’est ce débat qui peut unir largement parents, enseignants, et personnels autour de l’intérêt de l’enfant !
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# Le 2 février 2018 à 17:48, par Mireille.pop En réponse à : Rythmes scolaires… L’enfant d’abord !
Les rythmes scolaires : c’est le serpent de mer ! ça revient tout le temps. J’étais instit à Bréchan ( école du 3e à Lyon, parents aisés, enfants favorisés, la bataille fut rude. les parents voulaient la semaine 4 jours , bien sûr, aller au ski le vendredi soir, partir en WE . J’étais minoritaire à parler de l’intérêt de l’enfant ! même les collègues, il faut le dire étaient pour les 4 jours. Oui, l ’intérêt de l’enfant c’est 4 jours et demi. Mais il faut aussi que les activités péri-scolaires soient gratuites. Il y aussi à faire le bilan ( oui bilan comme au PCF ) des « réformes »de l’EN. Qui ont conduit à diminuer les heures d’enseignement ( moins de français etc) alors que les enfants défavorisés ont besoin de plus d’heures pour maîtriser notre langue.On a créé les ZEP et il faut bien le dire, le bilan de ces ZEP n’a pas été concluant ! Les écoles dites normales avaient moins de moyens , pour donner plus aux ZEP . Peu de réussite, cependant. S’interroger, pourquoi ? Les enfants favorisés trouvent AILLEURS ce qu’ils n’ont pas, plus à l’école publique. Les parents, le milieu culturel favorisent les apprentissages. Mais les milieux défavorisés ? Il y aussi les ghettos ; On a entassé les populations issues de l’immigration dans des villes à la périphérie, les enfants sont allés dans les écoles de ces quartiers, où l’on a souvent des classes entières d’élèves issus de l’immigration ( je sais de quoi je parle, j’ai été DDEN à Vaulx en Velin ) les élus ont bien essayé de construire des immeubles en favorisant la mixité, ils ont aussi donné des moyens pour ces écoles mais il y a une fuite des habitants, dés qu’ils le peuvent vers des écoles avec plus de« réussite » , moins de « problèmes ». Car il y a des problèmes déjà à l’école élémentaire mais surtout au collège . Ecoles publiques ghettos et collèges ghettos. Et même lycées. En ce moment, le lycée professionnel Gallieni de Toulouse : les pauvres collègues sont épuisés, ils ont peur 150 élèves font la loi ( sur 900) insécurité quotidienne , violences, insultes, trafics, des élèves armés , certains avec bracelet électronique , proviseur menacé etc. Blanquer va agir paraît-il…Zorro est arrivé-é-é ? Mais tous les collèges de banlieue ou presque ont des problèmes ! Sur le Progrès aujourd’hui, collège Gabriel Rosset ( Lyon 7e ) action parents d’élèves + profs, grève, insécurité, agressions plaintes de plusieurs enseignants C’est la réalité et je la dis, je refuse le déni ! ( je connais des enseignants de collège de mon quartier). Si l’enseignant est réduit à « faire la police » toute la journée sans pouvoir exercer son métier, qui est d’enseigner ? L’échec scolaire, dans ces conditions n’est pas surprenant ? Il y a 50 ans, être instit ou prof, c’était un métier enviable, il y avait de nombreux candidats aux concours ! Maintenant, il n’y en a pas assez !Le métier n’attire plus. Des débuts dans des postes difficiles et même dangereux, et …pour quel salaire ? Car les enseignants sont mal payés, si on compare avec d’autres pays d’ Europe. Revalorisation ! Si l’on ajoute à cela que les islamistes ont « travaillé » les esprits et que la mosquée est aussi une école ! qui conteste l’enseignement public et laïque avec les ravages que l’on sait. Il y a des élèves qui n’étaient pas Charlie et même « ’comprenaient » Coulibaly. Je pense (comme Pam ) que les enseignants devraient reprendre le chemin de la lutte, les classes de CP à 12 (on appelait ça déshabiller Pierre pour habiller Paul) sans moyens , ça ne va pas suffire. Il faut une refondation de l’école publique et laïque, mettre tous les problèmes sur la table , pour une école publique et laïque de qualité, qui permettra l’émancipation et la réussite de tous les élèves, partout.
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