Fête de l’humanité 2024

Une fête communiste populaire, une autre France est possible ! Enregistrer au format PDF

Le mouvement des sans terres au Brésil, une organisation de masse
Lundi 16 septembre 2024

Quelle fête encore une fois cette année… beaucoup de monde, beaucoup de jeunes, des débats riches, une ambiance toujours aussi fraternelle et tranquille, des spectacles et de la bonne bouffe (ah la côte de bœuf de l’Allier, les langoustes de Cuba, les huitres de Bretagne… !)

La France est vraiment contradictoire. Elle vote à droite majoritairement, avec une extrême-droite à 40%, et se retrouve unie pour des jeux olympiques populaires éloignant le racisme et la peur, et elle se retrouve encore avec des centaines de milliers de personnes à la fête de l’Humanité, la fête des communistes qui étaient pourtant affaiblis aux dernières élections…

J’ai eu de nombreux contacts de toute sorte, évidemment avec beaucoup de militants communistes, mais aussi avec une libraire dont le titre d’un livre m’a attiré, « l’état et la révolution », un titre célèbre de Lénine, mais c’était celui plus ancien d’un anarchiste, ce qui a conduit à une discussion amicale sur le rapport à l’état des anarchistes et des communistes. J’en ai profité pour placer ma petite chanson « faut plus d’gouvernement ». J’ai aussi échangé avec des autrices de livres fantastiques, constatant une très forte féminisation des auteurs (je ne sais pas si c’était un choix des invitations à la fête ou un mouvement dans l’édition). J’ai aussi échangé avec des informaticiens animant le village numérique du libre, avec des inconnus en chantant l’internationale à qui je faisais découvrir la chanson des canuts. Et j’ai croisé Angela Davis, une des grande bataille internationaliste de jeunesse dont ma génération a hérité, et Hala Abou-Hassira, l’ambassadrice de Palestine en France qui a remercié très chaleureusement le journal l’humanité et les communistes pour leur bataille…

Et la paix très présente dans les débats traduisant la colère devant le génocide à Gaza, une grande partie de la cité internationale était aux couleurs de la Palestine, mais aussi de nombreux débats sur le choix de la militarisation par l’OTAN, la colère devant les dépenses militaires qui explosent pendant qu’on annonce l’austérité pour les dépenses publiques.

Bref, une fête de l’huma ! Si vous ne l’avez jamais fait, c’est toujours le deuxième weekend de septembre, réservez la date pour 2025 !

La Grande scène de la fête de l'huma
La manifestation pour le communiste Georges Abadallah dans la fête
Le débat sur la paix organisée par les hauts-de-seine
Les allées de la fête pleine de monde !

Le mouvement des sans terres au Brésil, une organisation de masse

L’évènement le plus passionnant pour moi cette année a été une rencontre avec les militants du mouvement des sans terre du Brésil, dont un représentant était venu à Vénissieux aux rencontres internationalistes de 2022, et que nous avons invité cette année encore le 16 novembre prochain.

Le débat au stand du mouvement des sans terres

J’ai mieux compris l’histoire de ce mouvement de masse, plus d’un million de paysans sans terre qui s’organisent pour occuper des terres en friche de grands propriétaires agraires, les cultiver et développer une agroécologie opposée à l’agrochimie de l’industrie des grandes propriétaires.

Ce sont des jeunes, la plupart moins de 30 ans qui sont venus et pourtant, premier sentiment surpris, ils sont très organisés pour intervenir, à partir de leur expérience personnelle. On sent que ce ne sont pas des discours de réseaux sociaux mais une pensée collective débattue largement qui permet à chacun d’être autant un combattant social qu’un combattant idéologique.

Ils insistent sur le lien entre les revendications paysannes de l’accès à la terre pour pouvoir se nourrir et la nécessité d’une réforme agraire populaire pour permettre un changement social qui sorte des millions d’habitants des villes de la pauvreté et de la faim.

Et c’est d’ailleurs l’idée la plus surprenante dans leurs explications. Ils travaillent avec une université chinoise pour développer la mécanisation de l’agriculture familiale. Ils disent clairement qu’ils ne veulent pas faire une agriculture biologique à petite échelle, mais démontrer qu’ils sont capables de nourrir tout le Brésil !

Et quand je leur demande comment ils appellent leur projet de société, aucune hésitation et la plus jeune me répond « comme avec nos amis cubains, pour nous, le changement de société, c’est le socialisme ! »

En réponse à une autre question, ils précisent que les paysans du MST sont libres d’organiser leur activité eux-mêmes, même si le mouvement aide à développer des pratiques d’agroécologie. Ils savent qu’ils ne peuvent pas d’un coup de baguette magique faire du 100% bio en circuit court, donc ils aident, ils apprennent, ils progressent, avec la volonté d’unir tout en sachant qu’ils sont aussi dans des contradictions… Une conception très pragmatique dont on pourrait s’inspirer en France !

Un autre intervenant leur demande comment ils font face à la violence, et là aussi, je me dis que c’est une question qui nous concerne vraiment après les manifestations sociales qui dégénèrent en France. Leur réponse est directe et franche. Leur première préoccupation est leur protection. Comme en témoigne une jeune femme, la violence, ils sont nés dedans. La société brésilienne est très violente et les paysans pauvres font face depuis toujours aux policiers qui travaillent pour les grands propriétaires. Beaucoup de dirigeants du MST ont été assassinés, et donc leur premier souci est de se protéger, d’organiser la résistance pour permettre la vie de leur base paysanne. La même dira clairement, avec le poids de Bolsonaro, l’heure n’est pas à l’offensive contre les forces violentes.

Des leçons pour le mouvement social…

En écoutant ces militantes et militants du Brésil, je me suis dit que nous avions beaucoup à apprendre de leur expérience, et notamment de la qualité de leur organisation, de leur capacité à se former, construire une orientation politique et qu’elle soit portée par l’ensemble des militants.

J’ai suivi d’autres débats potentiellement intéressants comme celui sur le plan climat du PCF, mais là, on avait invité le très célèbre mathématicien Vilani, homme politique changeant, et j’avoue qu’il m’a franchement mis en rogne, reprenant, avec une forme de condescendance de celui qui se sait très intelligent, les mantras des plus réactionnaires des écologistes, genre, on est trop nombreux…

Angela Davis à la fête ! La Grande scène de la fête de l'huma La manifestation pour le communiste Georges Abadallah dans la fête Le débat sur la paix organisée par les hauts-de-seine Les allées de la fête pleine de monde !
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